Réunion spirituelle

« C’est des petites choses que sort ce qui est grand »

Professeur adjoint de linguistique et doyenne associée du Collège des sciences humaines

11 mai 1993

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Je crois sincèrement que nous pouvons établir Sion, la ville de ceux qui ont le cœur pur, la ville de ceux qui ont lavé leurs péchés dans le sang de l’Agneau, personne par personne, péché par péché.


Nous sommes toujours prêts à améliorer nos traductions. Si vous avez des suggestions, écrivez-nous à speeches.fra@byu.edu.

Je suis très reconnaissante que tant de mes amis, ma famille et mes proches soient présents aujourd’hui. Je suis vraiment touchée par votre présence. Je savais depuis environ deux mois que je donnerais ce discours. Je dois avouer que c’était environ deux mois de trop. J’ai toujours préféré que les périodes de terreur dans ma vie soient aussi brèves que possible. Cependant, ces deux mois m’ont permis de réfléchir aux personnes qui pourraient se trouver parmi cette audience et à ce que je pourrais dire de bénéfique. J’ai pensé à vous, les jeunes étudiants qui avez encore tant de chemin à parcourir dans la vie; j’ai pensé à vous, étudiants moins traditionnels, qui, après avoir quitté l’éducation formelle pour un certain temps, avez voulu revenir ; et j’ai pensé à nous, les professeurs, le personnel et les autres adultes qui avons parcouru un peu plus de chemin. Et j’ai réfléchi à ce que nous pourrions apprendre ensemble. Je sollicite maintenant vos prières en ma faveur et en la vôtre afin que ce que je vous dis ait de la valeur.

Comme l’a mentionné le président Lee, je suis la plus jeune de dix enfants. Être la plus jeune dans une famille avait à la fois ses avantages et ses inconvénients, comme je l’ai très vite découvert. Un avantage est que l’on est gâté et que ses parents pensent que l’on est un petit ange. Un inconvénient est que l’on est gâté, et que le reste du monde (y compris ses frères et sœurs) pense que l’on est tout sauf un petit ange. Un autre avantage est que les attentes sont généralement moins élevées parce que l’on est plus jeune que tous les autres membres de la famille. Un autre inconvénient est que les attentes sont généralement moins élevées parce que l’on est plus jeune que tous les autres membres de la famille. Alors que j’étais très jeune, avant l’âge de huit ans, je me souviens très bien d’avoir pensé qu’il y avait une possibilité réelle que l’idée de grandir soit une fiction. C’était quelque chose comme les cloches de Pâques ou la petite souris, quelque chose qui n’était pas vraiment réel mais que les adultes racontaient aux enfants. Je me souviens avoir réfléchi à l’idée de grandir et avoir remarqué que même si les gens me disaient que je grandissais, le fossé ne semblait jamais se combler. Il me semblait que je n’arrivais jamais à dépasser qui que ce soit, car mes frères et sœurs étaient toujours plus grands que moi et toujours plus capables. À chaque fois que j’arrivais enfin à faire quelque chose, ils étaient capables d’en faire plus et mieux que moi. J’étais toujours trop jeune ou trop petite pour faire les choses qu’ils faisaient. Il semblait que je ne serais jamais capable de faire quelque chose d’important ou de significatif.

Et je me souviens que je voulais faire quelque chose d’important et de significatif. Je voulais faire quelque chose qui apporterait une différence. J’ai très vite su qu’il y avait des gens qui avaient apporté une différence dans le monde. En grandissant, je lisais des livres, y compris presque toutes les biographies pour les jeunes que notre bibliothèque publique avait à offrir, et je trouvais l’inspiration dans les histoires de George Washington, Florence Nightingale, Abraham Lincoln, Clara Barton, etc. Je suis allée au cinéma et j’étais ravie de voir Jeanne d’Arc ou Robin des bois ou même d’héroïques cow-boys lutter contre l’adversité pour des causes nobles et élevées.

J’écoutais les instructeurs à l’église, et je savais que cela avait apporté une différence que David n’avait pas eu peur d’affronter Goliath alors que le roi Saül et les armées d’Israël se terraient dans leurs tentes, essayant de savoir quoi faire. Je savais qu’il était important que Esther ait mis sa vie en jeu pour révéler la trahison de Haman et permettre aux Juifs de se défendre contre la destruction totale qu’il avait planifiée. Et je savais que cela avait apporté une grande différence qu’un garçon de quatorze ans était allé seul dans les bois par un beau matin de printemps et, avec foi, avait posé une question honnête, et avait ensuite passé le reste de sa vie à être fidèle à la réponse qu’il avait reçue. Je savais que moi aussi, je voulais apporter une différence.

Je ne mentionne ces choses ni pour ridiculiser ni pour glorifier mes rêves d’enfance, mais parce que je pense qu’ils étaient normaux. Je pense et j’espère que beaucoup d’entre vous, ou même vous tous, ont eu de tels rêves ou désirs à un moment donné de votre vie, et que vous avez également voulu faire quelque chose d’important, de significatif et qui apporterait vraiment une différence. Je pense que de tels désirs sont naturels chez nous tous qui sommes enfants de Dieu, et je prie aujourd’hui pour que de tels désirs ne soient pas partis, bien qu’ils peuvent maintenant prendre une forme plus adulte. J’espère qu’ils n’ont pas disparu, car je souhaite parler du fait d’apporter une véritable différence, de faire quelque chose de significatif. En grandissant et en menant ma vie d’adulte, j’ai acquis de nouvelles compréhensions sur cette question. C’est ce dont je souhaite parler aujourd’hui pour que certains apprennent peut-être plus tôt, plus vite ou mieux que moi. J’espère que nous pourrons tous nous rappeler la douceur, la justesse et l’espoir qui viennent des bons rêves, et peut-être réfléchir une fois de plus et apprécier la grande différence que le Sauveur a apportée à travers sa vie et son expiation. J’espère aussi que nous pourrons reconnaître que, grâce à son expiation, il a permis à chacun d’entre nous d’apporter également une différence significative.

Je souhaite baser mon discours sur le fait de faire quelque chose de grand à partir d’une écriture dans D&A 64:33, qui dit : « C’est pourquoi, ne vous lassez pas de bien faire, car vous posez les fondements d’une grande œuvre. Et c’est des petites choses que sort ce qui est grand. » Je voudrais commencer ma discussion à propos de cette écriture en vous demandant de considérer s’il est bien vrai que ce qui est grand sort des petites choses. Je pense que si nous y réfléchissons, nous reconnaîtrons que, à bien des égards, cette idée est en contradiction avec ce que le monde pense ou enseigne. Le monde s’attend à ce que de grandes choses sortent des grandes choses. Les gens doivent râler, crier et hurler pour faire changer les choses. Ils doivent mener des guerres, rassembler des armes et tenir des rencontres au sommet. Et certainement les médias doivent diffuser tout cela pour que le monde le voie.

Le Seigneur, cependant, travaille tranquillement, dans les coulisses, à travers des lois de vérité sans faille. Les individus viennent un par un soutenir ce qui est juste. De petites pressions économiques, des forces de la nature ou des événements mineurs se produisent, et donc quelque chose de « grand » survient, et pourtant, les gens se demandent comment les choses en sont arrivées là. Ils arrachent et emportent des morceaux du mur de Berlin chez eux, mais ils savent en quelque sorte que ce n’est pas leurs marteaux ou leurs ciseaux sculpteurs qui ont fait tomber le mur. Quelque chose de grand est sorti de beaucoup de petites choses que les médias n’ont pas pu ou n’ont pas voulu diffuser.

J’ai trois autres exemples qui m’ont profondément marqué et m’ont appris que de grandes choses peuvent provenir des petites choses. L’un de ces exemples est fréquemment utilisé de nos jours. Il s’agit du temple de Salt Lake. Il y a environ un mois, j’ai visité l’exposition sur le temple au Musée de l’histoire de l’Église à Salt Lake. Comme beaucoup d’entre vous, je me suis émerveillé de la persévérance et de l’ingéniosité de ceux qui se sont engagés dans la construction du temple, mais je sais que l’une des choses qui m’a le plus frappée dans la construction du temple n’était pas la construction elle-même. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer la ville de Salt Lake qui entourait l’œuvre du temple. J’ai remarqué les petites maisons, les commerces, les rues, la petitesse globale et la simplicité de la ville.

J’ai pensé à la vie des gens qui construisaient ce temple, par exemple, les fermiers avec des charrues tirées par des chevaux (s’ils avaient la chance d’avoir un cheval) défrichant les terres de sauge, commençant à les rendre productives. J’ai pensé aux femmes au foyer qui habitaient dans des maisons en adobe et qui devaient faire leur lessive, s’occuper de leurs enfants ainsi que nourrir et habiller leurs familles. J’ai pensé aux hommes d’affaires essayant de mener des affaires loin des centres financiers et industriels.

J’ai lu ce que la presse a dit quand le temple a été terminé. Oui, les journaux ont reconnu qu’en effet, quelque chose de grand avait été accompli, et ils en ont été émerveillés. Ils n’ont pas fait mention des blocs fissurés à remplacer, des essieux brisés des charrettes à bœufs transportant les blocs de granit, des outils émoussés qu’il a fallu aiguiser encore et encore, des canaux construits puis abandonnés, des maisons individuelles dont la construction était retardée. Et pourtant, c’est de ces petites choses que la grande chose qu’ils louaient était sortie.

Il y a quelques années, j’ai eu une autre expérience qui m’a aidé à reconnaître mon propre aveuglement à l’égard de ce que de petites choses avaient produit. Dans le cadre d’un de mes projets de recherche, j’ai dû me rendre à Colonia Juarez, une des nombreuses communautés construites au siècle dernier par des saints des derniers jours dans le nord du Mexique. Une amie à moi de Colonia Juarez est venue me chercher à El Paso, au Texas, et m’a conduit dans sa communauté. Pendant le trajet, nous avons traversé beaucoup de zones désertiques qui semblaient presqu’être une caricature pour l’ouest du Texas et le nord du Mexique : du sable, de la terre, des cactus, un petit village occasionnel avec des bâtiments en adobe, des voitures en panne, et une seule route pavée, qui était l’autoroute sur laquelle nous roulions. Tout semblait chaud et sale. Après environ quatre heures, la route a commencé à descendre avec un peu plus de virages et, au détour d’un tournant, nous avons soudain aperçu Colonia Juarez. J’étais stupéfaite. Il y avait de beaux vergers fruitiers, des maisons en briques avec de belles cours, de l’eau coulant dans des fossés au bord des rues, et une abondance d’arbres offrant de l’ombre. Si je n’avais pas la connaissance d’où je me trouvais, j’aurais juré que j’étais dans l’une des nombreuses petites villes que je connaissais en Utah. Tout y ressemblait. Puis j’ai réalisé que les petites et grandes villes d’Utah étaient également une surprise et une merveille, non pas à cause de leur petitesse ou de leur charme (comme certains d’entre vous les plus raffinés pourraient le penser), mais parce qu’elles, tout comme Colonia Juarez, avaient été arrachées du désert. Quelque chose de grand était sorti des petits actes tournés vers l’avenir de beaucoup de personnes : un véritable miracle.

Ma dernière histoire à propos de grandes choses qui sont sorties de petites choses est une histoire personnelle qui s’est passée au Chili. J’y ai fait une mission il y a vingt-cinq ans. En juillet dernier, j’ai eu l’occasion de retourner au Chili pour environ six mois grâce à une bourse Fulbright. J’ai pris plaisir à voir la croissance économique et la force que le pays avait acquises. Mais ce qui était vraiment phénoménal, c’était de pouvoir observer de mes propres yeux la croissance de l’Église. Lorsque j’ai quitté le Chili la première fois, il n’y avait aucun pieu. Cette fois-ci, il y en avait plus de cinquante-cinq. Quand je suis arrivé au Chili la première fois, il y avait environ 16 000 membres. Lorsque j’y suis arrivé cette fois-ci, il y en avait bien plus de 100 000.

Mais ce qui m’a le plus marquée personnellement n’était pas la croissance quantitative, mais la croissance qualitative que j’ai observée. J’ai eu la chance de retrouver certaines personnes que j’avais connues au Chili vingt-cinq ans plus tôt. J’ai rendu visite à des personnes que nous avions enseignées mais qui ne s’étaient jamais fait baptiser. J’ai rendu visite à des personnes qui s’étaient fait baptiser et qui, par la suite, s’étaient éloignées de l’Évangile rétabli de Jésus-Christ. J’ai rendu visite à des personnes baptisées qui avaient eu des périodes d’activité et d’inactivité. Et j’ai rendu visite à des gens qui étaient baptisés et qui étaient restés actifs, ayant eux-mêmes fait des missions ou, s’ils étaient plus âgés, ayant envoyé leurs enfants en mission, s’étant mariées dans le temple et ayant servi là où ils avaient été appelés. Et j’ai vu la différence. C’était comme si on m’avait donné l’occasion d’observer les résultats d’une expérience longitudinale avec quatre groupes de traitement où je pouvais voir la différence qui venait de chaque traitement et la différence apportée par les petites choses ou les petites variables. J’ai vu la paix intérieure, le bonheur et la force de caractère des membres toujours actifs. J’ai vu la force de leur famille et les avantages qui en découlaient pour leurs enfants. J’ai vu leurs capacités magnifiées et la manière dont ces capacités les avaient bénis dans leur travail au sein de l’Église et dans leur vie professionnelle. J’ai vu la manière dont ils avaient évolué temporellement, intellectuellement et spirituellement. J’ai littéralement vu les fruits de l’Évangile dans leur vie, les grandes choses qui étaient sorties des petites choses, tout cela à partir de la décision de se faire baptiser, de la décision ou des décisions de rester actif, de suivre les conseils des dirigeants et de servir. J’ai vu les grandes choses qui en ont découlé : la grandeur de caractère, la paix et le bonheur ici. Et je crois que des choses encore plus grandes suivront dans l’au-delà. Grâce à l’exemple de ces personnes, je sais que les petites choses apportent une différence.

J’aimerais maintenant discuter des petites choses spécifiques dont nous pouvons nous servir afin d’apporter une différence dans notre vie et dans les affaires importantes. L’une d’entre elles a été bien illustrée par ce que j’ai trouvé au Chili. C’est la petite décision de faire confiance au Seigneur et de le croire.

Il y a quelques années, j’avais une ancienne étudiante très brillante qui rencontrait des difficultés en lien avec son témoignage. D’une manière ou d’une autre, elle sentait qu’elle n’avait jamais reçu de réponse convaincante à ses prières au sujet de l’Église. Alors que je lui parlais et que j’essayais de l’aider, elle m’a dit quelque chose qui, depuis lors, m’a marquée à maintes reprises par sa simplicité et par sa véracité. Elle a dit quelque chose du genre : « Oui, il y a de nombreuses raisons logiques de penser que l’Église est bonne, mais en fin de compte, tous ceux qui croient qu’elle est vraie le font par la foi ; ils doivent choisir de croire. »

Ce qu’elle a dit est vrai ; tôt ou tard, tout le monde doit choisir de croire ou non. Nous devons choisir de reconnaître la douceur de l’Esprit qui vient lorsque nous réfléchissons à la véracité de l’Église. Lorsque nous prions et demandons au Seigneur si l’Église et le Livre de Mormon sont vrais, nous devons reconnaître que l’impression de déjà le savoir vient de l’Être qui connaît nos pensées. Nous devons admettre que nous savons effectivement qu’ils sont vrais.

Mais l’on ne doit pas non plus choisir de croire sans avoir déjà reçu de nombreuses preuves. Après avoir entendu ce que mon ancienne élève m’a dit, j’ai examiné ma vie pour découvrir les raisons derrière ma croyance. J’ai trouvé d’innombrables moments de joie et de bonheur réels liés à l’application des enseignements de l’Église. Je me suis rendu compte que, même si je n’avais pas reçu une grande confirmation de paix venant de l’Esprit à propos de la véracité de l’Église, je choisirais quand même d’y croire et de suivre simplement parce que cela me rend heureuse. J’ai également reconnu que je n’avais jamais rencontré quelqu’un ayant trouvé le véritable bonheur et la paix en faisant de mauvais choix. J’en avais connu plusieurs qui avaient essayé, dont beaucoup avaient prétendu être heureux. Plus tard, alors qu’ils faisaient face aux conséquences de leurs choix, plusieurs d’entre eux avaient avoué en larmes qu’ils avaient menti dans leurs affirmations et que le père des mensonges lui-même les avait dupés. Je sais que la décision de croire en l’Église et en l’Évangile est une petite chose  d’où sortent de grandes choses et que le ou les choix de ne pas croire entraînent du chagrin.

Mais je pense que nous devons prendre plus que la simple décision de croire en l’Église et en l’Évangile si de grandes choses doivent sortir des petites choses. Nous devons aussi choisir de faire confiance à ce que dit le Seigneur et comprendre que cela s’applique à nous. En grandissant, j’ai vécu une expérience que j’ai racontée dans d’autres contextes et que je vais répéter ici parce qu’elle illustre ce que j’essaie de dire.

Dès que j’ai appris à lire, je me souviens d’avoir vu sur la porte de la chambre de mon frère, qui avait environ dix ans de plus que moi, un panneau qui disait : « Défense d’entrer ! Oui, toi aussi ! » Je me souviens d’avoir trouvé ce panneau étrange. Qui mon frère voulait-il empêcher d’entrer dans sa chambre ? La chambre se trouvait dans le coin le plus éloigné du sous-sol, et aucun des enfants du voisinage ne semblait y descendre. J’entrais dans la chambre de mon frère et en sortais comme j’en avais envie, alors je n’arrivais pas à comprendre à qui il pouvait faire référence. Ce n’est que bien des années plus tard, lorsque j’étais moi-même adolescente et que j’ai vu à nouveau le panneau, que j’ai soudainement compris à qui il était destiné. Le panneau n’avait eu absolument aucun effet sur moi, car je ne comprenais pas qu’il s’adressait spécifiquement à moi.

Beaucoup d’entre nous sommes pareils en ce qui concerne les enseignements de l’Évangile. Nous savons que l’Évangile est vrai, mais nous ne pensons pas que les enseignements individuels s’appliquent directement à nous ou à nos circonstances. Par exemple, nous ne faisons pas confiance au Seigneur lorsqu’il promet qu’il « ouvr[ira] les écluses des cieux pour [n]ous, et répand[ra] sur [n]ous la bénédiction en abondance », et que « pour [n]ous [il] menacer[a] celui qui dévore » (Malachie 3:10–11) si nous payons honnêtement notre dîme. Nous pensons que cette promesse s’adresse à des personnes qui n’ont pas de problèmes financiers comme nous.

Ou bien nous ne croyons pas que le fait d’observer honnêtement le Sabbat n’ait aucun rapport avec des choses qui « plai[sent] à l’œil », « réjoui[ssent] le cœur », « fortifie[nt] le corps » et « vivifie[nt] l’âme » (voir D&A 59:18–19), et pourtant, ces choses sont promises avec la capacité de nous préserver « des souillures du monde, » (voir D&A 59:9). Nous pensons que le respect du Sabbat n’est requis que pendant les trois heures de réunion ou qu’il ne s’applique qu’aux personnes qui n’ont pas autant de choses à faire que nous. Nous ne choisissons pas de croire le Seigneur sur parole.

J’adore l’histoire que raconte Parley P. Pratt dans son autobiographie sur la façon dont il a cru le Seigneur sur parole. Parley a parcouru la Bible en choisissant toutes les bénédictions que le Seigneur avait promises à ceux qui le suivaient. Parley écrivait les bénédictions, chacune sur un morceau de papier, les mettait dans une boîte et les emportait avec lui, les appelant son « trésor », parce qu’il considérait les bénédictions comme déjà accordées. Il était absolument sûr qu’elles se réaliseraient. Parley avait fait cela avant d’entendre parler du Rétablissement. Plus tard, il a fait confiance aux bénédictions offertes par le Rétablissement et a choisi de se faire baptiser et de suivre, une petite décision qui a été la clé de grandes bénédictions pour lui. La décision de croire en l’Évangile et de faire confiance à la parole du Seigneur en toutes choses est une petite chose pour nous, mais ce sera aussi la clé de grandes bénédictions pour nous.

Une autre petite chose, une autre décision particulière de faire confiance au Seigneur, dont je voudrais parler est la décision de se repentir. Nous devons faire attention à ne pas cacher nos péchés sans les régler, à ne pas ignorer le processus de repentance. J’ai découvert que l’un des plus grands obstacles que je dois surmonter pour me repentir est mon propre orgueil. Il faut vraiment de l’humilité pour reconnaître que nous avons besoin de nous repentir. Comme l’a dit l’apôtre Paul, « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3:23). Nous avons parfois tendance à penser que ce que nous avons fait n’est pas très grave. Nous accumulons nos défauts et les comparons à ceux de nos voisins, de nos colocataires, de nos maris et femmes, des membres de notre paroisse, et nous pensons que nous avons l’air plutôt bien. Mais, si nous sommes vraiment honnêtes avec nous-mêmes et regardons ce que le Seigneur voit, nous reconnaissons que nous sommes « pesé[s] dans la balance […] et trouvé[s] léger[s]. » (Daniel 5:27). Notre chemin vers la perfection doit passer par une série de « petites » repentances, mais nous ne pourrons jamais nous engager sur cette voie à moins d’être prêts à admettre que nous avons agi de manière incorrecte ou mauvaise, que nous avons fait le mal. Ainsi, c’est une chose petite mais significative de chercher honnêtement à reconnaître nos péchés et à les surmonter.

Je sais de ma propre expérience que le Saint-Esprit peut énormément nous aider pendant ce processus. Si nous le demandons, il nous révélera nos péchés, non pas en un seul gros morceau pour que nous soyons complètement submergés et découragés par nos fautes, mais un par un, au bon moment et dans les bonnes proportions, en fonction de notre capacité à les gérer. Il nous guidera depuis l’endroit où nous sommes jusqu’à l’endroit où nous devons être. Une fois de plus, ici, la question de la confiance se manifeste. Nous devons avoir confiance que notre baptême est une alliance éternelle et qu’au moment où nous reconnaissons et nous repentons de nos péchés, nous serons purifiés.

La Sainte-Cène nous est donnée chaque semaine, une petite chose pour nous rappeler l’alliance du baptême et sa nature éternelle et pour nous aider dans le processus de repentance. De cette petite chose peut venir de très bonnes choses pour notre développement. Je voudrais vous transmettre une chose que m’a enseigné Boyd Beagley, un très bon instructeur de séminaire que j’ai eu durant ma jeunesse. C’est une petite application de la Sainte-Cène qui a béni ma vie à maintes reprises et de manière incommensurable.

Frère Beagley a suggéré que plutôt que de penser chaque semaine au moment où l’on distribue la Sainte-Cène : « Je suis désolé pour toutes les mauvaises choses que j’ai faites et je vais essayer de mieux faire », nous devrions nous examiner sérieusement et penser à des choses spécifiques que nous avons faites au cours de la semaine dernière et qui pourraient être une cause de chagrin pour le Seigneur qui a versé son sang pour nous. Nous devrions évaluer non seulement nos actions, mais aussi nos pensées et nos attitudes depuis la dernière fois que nous avons pris la Sainte-Cène.

Si nous sommes vraiment humbles et que nous cherchons son aide, le Saint-Esprit nous aidera à choisir parmi nos défauts ou nos faiblesses la chose sur laquelle nous devons le plus travailler durant la semaine à venir. Il se peut que nous passions à quelque chose de nouveau chaque semaine ou que nous continuions à travailler sur la même chose pendant plusieurs semaines d’affilée. À d’autres occasions, nous nous retrouverons à revenir à des fautes récurrentes et à nos plus grandes faiblesses. Quoi que l’Esprit nous révèle comme la chose qui est la plus offensante pour le Seigneur, nous devrions nous engager à y travailler. Nous devrions ensuite réfléchir aux moments et aux circonstances qui pourraient survenir au cours de la semaine à venir et qui pourraient nous conduire à la tentation dans ce domaine, et planifier à l’avance les moyens d’éviter ou de surmonter cette tentation. Ensuite, nous prenons la Sainte-Cène, réaffirmant notre partie de l’alliance et demandant que nous puissions toujours avoir l’Esprit du Seigneur avec nous. Au cours de la semaine, nous faisons de notre mieux ; nous déployons nos meilleurs efforts dans le domaine de faiblesse choisi. Quand nous arrivons à la table de la Sainte-Cène la semaine suivante, nous nous évaluons de nouveau. Ici encore, l’Esprit nous dit ce sur quoi nous devons travailler. Il nous permet également de ressentir le pardon lorsque nous avons honnêtement surmonté nos fautes. Encore une fois, nous devons choisir de faire confiance au Seigneur. Nous devons nous rappeler qu’il a dit : « [C]elui qui s’est repenti de ses péchés est pardonné, et moi, le Seigneur, je ne m’en souviens plus. » (D&A 58:42). Nous n’avons pas besoin de traîner nos fardeaux avec nous, en ne nous pardonnant jamais, en pensant que nous ne valons rien, que nous sommes trop faibles pour que le Seigneur nous aime et nous pardonne. Nous devons nous rappeler que le Seigneur nous bénit non pas nécessairement parce que nous sommes bons et totalement dignes, mais parce qu’il est bon et totalement digne. Ce processus est en soi une petite chose, mais je témoigne de ma propre expérience qu’il apporte une véritable différence. Je recommande sincèrement ces deux petites choses : le fait de mettre réellement notre confiance en le Seigneur et de se repentir chaque semaine avec sincérité.

J’arrive maintenant à la dernière question que je voudrais aborder : « Quelles grandes choses sortent de ces deux petites choses ? » Je crois qu’elles peuvent littéralement transformer un homme ou une femme naturel(le) en un homme ou une femme du Christ. Ce n’est pas une mince affaire de transformer une personne ordinaire en une personne pieuse. Notre travail ne sera peut-être jamais mentionné dans les médias ; le monde ne mettra peut-être jamais ce que nous avons fait sur l’une de ses listes « Top dix ». Mais nous disposons de bien meilleures preuves de l’importance de notre action : c’est l’œuvre dans laquelle est engagé celui qui est le plus grand de tous, qui comprend la véritable valeur de toutes choses, et qui pourrait s’engager dans n’importe quel travail. « Car voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moïse 1:39). Nous pouvons nous laisser distraire par des causes mineures et nous détourner de ce travail essentiel ou nous pouvons accomplir ce travail plus grand selon les voies calmes spécifiées par le Seigneur, en sachant que cela apporte une différence pour l’éternité sans fin.

Il y a plusieurs années, j’ai lu un article de journal sur un célèbre réalisateur de cinéma. L’article contenait une citation de ce réalisateur que je crois et qui est restée dans mon esprit, bien que je ne me souvienne plus de son nom (même si beaucoup de personnes à qui j’ai répété cette citation me disent qu’il s’agissait probablement de Frank Capra). Le réalisateur a dit : « Le caractère est le destin. » Je le crois. Je crois que ce que nous sommes finira par se révéler ; que, tôt ou tard, nos défauts fatals ou nos forces discrètement développées auront des conséquences ; que notre destin final ne dépendra pas seulement de ce que nous aurons fait, constaté ou non, mais de ce que nous serons devenus, de qui nous serons devenus. Et je crois que c’est par de petites choses que nous devenons quelque chose ou quelqu’un de grand. 

Je pense aussi que faire ces petites choses apporte une différence dans ce qui se passe dans notre société globale. Je pense que cela apporte une différence dans ce qui est transmis à nos enfants. Si nous faisons ces choses petites mais justes, nous leur donnerons un monde meilleur et une vision plus large de la vérité et de l’éternité. Honnêtement, cela apporte une différence pour la société, maintenant et à l’avenir, si nous faisons personnellement les petites choses qui aident à sortir le langage du caniveau, qui permettent à nos quartiers d’être en sécurité sans fermer le verrou, qui empêchent les abus de toutes sortes d’être transmis aux nouvelles générations – si nous faisons de la gentillesse, de la sensibilité et de l’amour désintéressé la norme.

Je crois que les petites choses dont je parle peuvent éventuellement conduire à quelque chose de vraiment grand pour chacun d’entre nous, quelque chose de longtemps prédit et souhaité par les prophètes et les saints de toutes les dispensations. Je crois sincèrement que nous pouvons établir Sion, la ville de ceux qui ont le cœur pur, la ville de ceux qui ont lavé leurs péchés dans le sang de l’Agneau, personne par personne, péché par péché.

Ma dernière visite au Chili m’a permis de voir autre chose que les résultats individuels obtenus dans la vie des gens. Cela m’a permis de voir comment la société change lorsque les individus changent. Par exemple, je pouvais voir le type de croissance et de société qui existait dans les régions où l’Église était présente depuis plusieurs décennies. C’était une société différente de celle que j’avais connue lorsque j’y étais il y a vingt-cinq ans. Les choses allaient mieux et les attentes étaient plus élevées. Dans les régions où l’Église n’était pas présente, j’ai vu comment la société continuait à fonctionner avec des cruautés, des mesquineries et une malhonnêteté flagrante. Ensuite, je suis revenue ici, un endroit qui a grandi sous l’influence de l’Église et de ses enseignements depuis plusieurs générations. En regardant autour de nous ici, je reconnais que nous n’y sommes pas encore arrivés, mais nous en sommes plus proches que nous ne l’étions au début de l’Église. La vitesse à laquelle nous arrivons à Sion dépend de chacun de nous.

Je reviens à nos rêves d’enfance. Voulons-nous vraiment faire quelque chose d’important ? Voulons-nous vraiment faire quelque chose de significatif? Voulons-nous vraiment faire quelque chose qui apportera une différence ? L’opportunité est entre nos mains. Et quand nous serons prêts, le Christ viendra.

Et donc je répète l’écriture avec laquelle j’ai commencé. Peut-être, comme Parley P. Pratt, que nous pourrions l’écrire sur un morceau de papier et l’emporter avec nous pour nous rappeler les promesses sûres du Seigneur : « C’est pourquoi, ne vous lassez pas de bien faire, car vous posez les fondements d’une grande œuvre. Et c’est des petites choses que sort ce qui est grand » (D&A 64:33).

Puisse chacun de nous s’engager à comprendre les desseins du Seigneur pour nous et à faire ces petites choses qui lui permettront de faire émerger ce qui est grand parmi nous. Je sais qu’il le fera si nous le faisons. Je prie pour que nous le fassions. Je dis cela au nom de Jésus-Christ. Amen.

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« C’est des petites choses que sort ce qui est grand »

Cheryl Brown était professeur adjoint de linguistique et doyenne associée du Collège des sciences humaines lorsqu'elle a prononcé ce discours le 11 mai 1993.