Ce qui semble n’être que de petits écarts de direction ou de petits détours par rapport au chemin étroit et resserré peut entraîner d’énormes différences de trajectoire plus tard sur la route de notre vie.
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Mes chers frères et sœurs, étudiants, enseignants et amis, je suis heureux d’être ici aujourd’hui. J’aime BYU et sa communauté. Provo est la ville où je suis né. J’ai vécu beaucoup des meilleures années de ma vie sur ce campus, soit 15 ans, en comptant mes deux années à B.Y. High School sur ce qui était alors la partie basse du campus. En juin dernier, cela faisait 50 ans que j’avais obtenu mon diplôme de BYU. Voilà pourquoi j’ai toujours un plaisir évident à revenir sur ce campus.
Aujourd’hui, je vais vous parler de quelques leçons de vie, en espérant aider chacun de nous (surtout les jeunes) à propos de certains choix que nous faisons tous sur le chemin de la vie.
Je vais introduire mon discours en vous racontant une petite histoire du genre « bonne nouvelle et mauvaise nouvelle ». Durant un vol, un pilote a communiqué au micro le message suivant aux passagers de son avion : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que notre avion vole à bonne allure. La mauvaise est qu’en raison d’une panne d’équipement, nous ne sommes pas certains d’aller dans la bonne direction. »
La direction dans laquelle nous nous dirigeons est extrêmement importante, surtout au début de notre voyage. J’ai un ami qui a terminé sa carrière de pilote en effectuant de longs vols transpacifiques pour une grande compagnie aérienne. Il m’a dit qu’une erreur de cap de seulement deux degrés pour un vol direct d’une distance de 6 700 kilomètres entre Chicago et Hilo à Hawaï, aurait pour conséquence le fait que l’avion s’éloignerait de 230 kilomètres au sud de l’île. Par temps nuageux, le pilote ne pourrait même pas apercevoir l’île, et il ne verrait rien d’autre que l’océan jusqu’à ce que l’avion arrive en Australie. Mais bien sûr, l’avion n’arriverait pas jusqu’en Australie par manque de carburant. Les petites erreurs de cap peuvent provoquer de grandes tragédies à l’arrivée.
Nous tous, et particulièrement les jeunes, devons faire très attention aux chemins que nous choisissons d’emprunter et aux directions que nous prenons dans notre vie. Ce qui semble n’être que de petits écarts de direction ou de petits détours par rapport au chemin étroit et resserré peut entraîner d’énormes différences de trajectoire plus tard sur la route de notre vie.
Lors de la réunion générale de la prêtrise le mois dernier, j’ai parlé d’une amie de longue date qui m’a dit que son mari, toujours un « bon garçon » au lycée, a pris quelques boissons alcoolisées qui, pensait-il, l’aideraient à oublier certains problèmes. Avant qu’il ne se rende compte de ce qui se passait, il était devenu dépendant à l’alcool. À présent, il n’est plus en mesure de subvenir aux besoins de sa famille, et il est inefficace dans presque tout ce qu’il entreprend. L’alcool domine sa vie, et il n’arrive pas à se libérer de son emprise destructrice. La façon d’éviter la dépendance est d’éviter totalement la première étape, c’est-à-dire s’abstenir complètement de toutes les substances et pratiques qui créent une dépendance.
Les écarts potentiellement destructeurs semblent souvent si petits que certains arrivent facilement à se justifier en se disant : « Rien que cette fois. » Lorsque cette tentation se présentera, et elle le fera, je vous exhorte à vous demander : « Où cela mènera-t-il ? » J’ai choisi cette question comme titre de mon message d’aujourd’hui. Je vais donner quelques illustrations qui enseignent l’importance de se poser cette question. Je partagerai également quelques expériences personnelles qui illustrent l’importance à long terme de quelques écarts apparemment sans importance dans des choix que l’on peut être amené à faire de nos jours.
Voici une situation hypothétique. Vous êtes à la maison avec vos enfants. Une personne à qui vous ne voulez pas parler vous appelle au téléphone ou frappe à votre porte. Vous êtes tentés de demander aux enfants de leur dire que vous n’êtes pas à la maison. « Où cela mènera-t-il ? » Si vous faites cela, vous montrez à vos enfants que vous êtes disposés à mentir pour obtenir un avantage, et vous leur apprenez à faire de même. Vous affaiblissez leur foi dans le fait qu’ils peuvent compter sur vous pour dire la vérité. Vous remettez en question le commandement de ne pas mentir ainsi que les prophètes qui l’ont enseigné. Vous diminuez même la foi en l’existence du Dieu qui a donné ce commandement. Où cela mènera-t-il ? Cela déclenchera une série de conséquences qui pourront s’avérer destructrices dans nos efforts pour obtenir des bénédictions éternelles.
Lors de notre dernière conférence générale, H. David Burton nous a rappelé que lorsque l’on élève des enfants et répond à leurs besoins et à leurs désirs, faire plus n’est pas toujours le mieux. Les parents qui comblent leurs enfants de trop de biens matériels et de privilèges courent le risque de ne pas leur enseigner « des valeurs importantes comme le travail, l’attente pour obtenir la récompense, l’honnêteté et la compassion ». Où cela mènera-t-il ? Cela privera les enfants d’importantes possibilités d’apprentissage et de croissance. « Les enfants qui n’assument aucune responsabilité n’apprennent jamais que […] la vie a un sens qui dépasse le bonheur personnel », a déclaré frère Burton. Il a ensuite conclu que les parents doivent aider leurs enfants à cultiver « les qualités produites par l’attente, le partage, l’épargne, le travail et la satisfaction de ce que l’on a » (« Ah, donne-moi, Père », Le Liahona, novembre 2004, p. 98, 100).
On prend également un mauvais cap lorsque l’on se rend coupable d’un autre type d’indulgence parentale. Certains parents semblent partir du principe que leurs enfants ne peuvent rien faire de mal. Ils les défendent contre toute critique, correction ou expérience douloureuse de la part de quiconque qui est en dehors du cercle familial. Une mauvaise note à l’école ou une correction d’un dirigeant suscite une tempête de critiques publiques ou privées de la part d’un parent qui défendra son enfant à tout prix. Où cela mènera-t-il ? Cela sapera le respect de l’enfant pour l’autorité – toute autorité – et cela diminuera le respect nécessaire pour que l’élève puisse apprendre de l’enseignant. Les parents qui considèrent l’issue de telles actions appuieront l’autorité et soutiendront les enseignants de leur enfant dans toutes les circonstances, sauf exception majeure.
Il existe des exemples positifs du même principe. Je me souviens d’une histoire racontée par Harold B. Lee dans un discours prononcé lors d’une réunion spirituelle ici à BYU il y a 52 ans le mois dernier. (À propos, j’étais étudiant à BYU cette année-là, en 1952.) Son histoire a eu une profonde influence sur moi pour plusieurs raisons. Je cite frère Lee :
J’avais environ dix ou onze ans. J’étais avec mon père dans une ferme, loin de chez nous, essayant de m’occuper jusqu’à ce que mon père soit prêt à rentrer à la maison. De l’autre côté de la clôture de la ferme, il y avait quelques cabanons en ruine qui avaient tout pour attirer un garçon curieux, et j’étais aventureux. J’ai commencé à me faufiler à travers la clôture, et j’ai entendu une voix aussi clairement que vous entendez la mienne, m’appelant par mon nom et disant : « Ne va pas là-bas ! » Je me suis tourné pour regarder mon père pour voir s’il me parlait, mais il était tout au bout du champ. Il n’y avait personne en vue. C’était alors, pendant mon enfance, que j’ai compris qu’il y avait des personnes au-delà de ce que je pouvais voir, car j’avais assurément entendu une voix. Depuis lors, quand j’entends ou lis les récits du prophète Joseph Smith, je me rappelle que j’ai moi aussi connu ce que signifie le fait d’entendre une voix, parce que j’en ai fait l’expérience. [Harold B. Lee, Stand Ye in Holy Places (Salt Lake City : Deseret Book, 1975), p. 139]
Réfléchissez à certains des effets de cette expérience. Premièrement, un jeune garçon qui allait devenir prophète a appris que la révélation est une réalité. Deuxièmement, le jeune Harold aurait pu être protégé d’un danger caché dans ces vieux cabanons. C’est ainsi que j’ai interprété l’histoire pendant de nombreuses années, et c’est peut-être vrai. Nous ne le saurons jamais. Mais peut-être que l’avertissement qu’il a entendu n’a pas été donné pour le protéger d’un quelconque danger. Il s’agissait peut-être de tester sa volonté d’obéir à des directives célestes. Il a sûrement réussi l’épreuve, et où cela l’a-t-il mené ? Cela a permis de garder le canal de la révélation ouvert afin qu’il reçoive davantage de directives, et cela a été une expérience formatrice dans la vie de l’un de nos plus grands enseignants. Le fait de suivre une impression peut sembler insignifiant aujourd’hui, mais cela peut finalement avoir des conséquences très importantes.
Le fait de suivre une impression m’a sauvé la vie dans les montagnes à environ 15 kilomètres d’ici. J’étais parti chasser le cerf, à cette même époque de l’année, il y a environ 25 ans. En fin d’après-midi, j’ai tué un grand mâle. J’ai nettoyé l’animal et entreposé la carcasse à un endroit où elle serait protégée jusqu’à ce que je revienne pour la récupérer avec de l’aide le lendemain. À ce moment-là, il faisait déjà nuit, j’étais seul, et j’étais encore haut dans les montagnes, à plusieurs kilomètres de la route la plus proche.
Malgré le fait que je n’avais jamais été sur ce versant de montagne en particulier, je n’étais pas perdu. J’avais une connaissance assez générale de la topographie du lieu, et je savais qu’il me suffisait de continuer à descendre pour arriver à un chemin que j’avais l’habitude d’emprunter. Le problème était l’obscurité totale de la nuit sans lune.
J’ai choisi une ravine et je me suis mis à descendre à tâtons à travers les broussailles et les arbres morts. Ma progression était lente et j’ai alors été soulagé lorsque le fond de la ravine est devenu plat et sablonneux sous mes pieds. J’ai accéléré l’allure pendant une dizaine de pas et soudain, j’ai eu une forte impression que je devais m’arrêter. Je l’ai fait. Je me suis penché, j’ai ramassé une pierre et je l’ai jetée dans l’obscurité devant moi. Je n’ai entendu aucun bruit pendant quelques secondes, et puis un claquement s’est fait entendre au loin, sur les rochers. J’ai su immédiatement que je me tenais sur le rebord d’un à-pic.
Je suis revenu sur mes pas et j’ai finalement pu descendre de la montagne par une autre ravine. J’ai téléphoné à ma famille inquiète vers minuit, juste avant qu’ils n’alertent les secours. Le lendemain, je suis revenu à cet endroit en plein jour et j’ai vu mes traces qui s’arrêtaient à moins d’un mètre du bord d’un à-pic d’au moins 15 mètres. J’étais content d’avoir entendu cet avertissement et de l’avoir écouté. Où cela a-t-il mené ? Cela m’a sauvé la vie.
Maintenant, je vous invite à réfléchir à certaines décisions apparemment insignifiantes que vous prenez dans votre vie et à propos desquelles vous feriez bien de vous demander : « Où cela mènera-t-il ? »
Comme exemple de choses à éviter, réfléchissez aux conséquences terribles de la participation à tout ce qui peut entraîner une dépendance. Cela inclut non seulement le tabac et l’alcool qui ont asservi le mari de mon amie mais aussi l’avalanche de contenus pornographiques qui assaillent nos sens sur Internet et dans les divertissements populaires, y compris les films et les vidéos. Où la consommation de ces ordures mène-t-elle ? Les dirigeants de l’Église et les professionnels affirment que cela conduit à la destruction des relations familiales, tant terrestres qu’éternelles, et parfois même à des peines de prison pour sévices. Si vous touchez à ces obscénités, elles vous mèneront à la décharge, le dépotoir des rêves terrestres et des destins éternels.
Voici une autre chose à éviter, une suggestion destinée surtout à ceux d’entre nous qui sont mariés. Lorsque des désaccords surviennent, et assurément ils surviendront, et que vous êtes tentés de fuir votre conjoint pour une période plus ou moins longue, demandez-vous : « Où cela mènera-t-il ? » Un départ en colère est le premier pas sur un chemin que vous ne devriez pas emprunter. Revenez sur vos pas et guérissez les plaies avant qu’elles ne s’infectent et ne conduisent à des blessures graves, ou pire encore.
Pour ne citer qu’un exemple parmi les choses que nous encourageons et qui mènent à une issue souhaitable, réfléchissez à l’étude quotidienne des Écritures qu’on nous a enseigné à appliquer dans notre vie. Où cela mène-t-il ? Et que dire des prières personnelles deux fois par jour, et d’une prière familiale faite à genoux ? Une énorme protection spirituelle et temporelle émane de chacune de ces pratiques parce qu’elles sont essentielles pour bénéficier de la compagnie du Saint-Esprit qui nous guide et nous fortifie spirituellement. Je peux vous assurer que l’observance fidèle de ces directives nous rapprochera du Seigneur, et que le contraire nous éloignera de lui.
Il en va de même pour la tenue des soirées familiales hebdomadaires. Elles sont vitales pour les enfants que certains d’entre vous ont déjà, et que la plupart auront dans le futur. De tels efforts simples peuvent sembler de petites choses maintenant, mais ils sèment les graines qui produiront une bonne moisson le moment venu.
Cela me rappelle les vers composés par Douglas MacArthur lorsqu’il était directeur de l’Académie militaire de West Point, il y a presque un siècle. MacArthur, fervent partisan de la compétition sportive dans la préparation des futurs officiers militaires à leurs fonctions professionnelles, a rédigé ces mots et a ordonné qu’ils soient gravés sur les montants en pierre de l’entrée du complexe sportif de l’Académie militaire :
Sur les champs de la lutte amicale
Sont semées les graines
Qui, sur d’autres champs, en d’autres jours
Porteront les fruits de la victoire.
[Cité dans William Manchester, American Caesar (Boston : Little, Brown, 1978), p. 123]
Après avoir entendu ces vers, certains d’entre vous pensent probablement que MacArthur était meilleur général que poète. Certes, mais son argument est valable. Les mêmes qualités d’intégrité, d’entraînement, de préparation, d’obéissance et de fiabilité qui produisent la victoire dans la compétition sportive amicale nous mèneront à la victoire et à la réussite lorsque les enjeux seront plus importants.
Pour citer un autre exemple, que dire des effets du manquement au code d’honneur de BYU et aux normes vestimentaires et de présentation de BYU, après avoir promis de les observer ? Ce n’est pas une petite chose de rompre une promesse, délibérément ou par négligence. Et où cela mènera-t-il ? Cela portera atteinte à l’image, aux normes et à la réputation de l’université de l’Église, incitera les autres à faire de même et affaiblira la sensibilité morale propre du contrevenant dont il aura besoin pour les défis plus grands qu’il affrontera à l’avenir.
Nous entendons souvent parler du choix entre le bien et le mal. Par exemple, la plupart des étudiants devront un jour choisir entre deux options : recourir au plagiat ou à la tricherie pour obtenir une meilleure note, ou bien compter sur leurs efforts personnels et honnêtes pour obtenir ce qu’ils méritent grâce à leur propre préparation et à leurs propres qualifications.
D’autres choix ne sont pas entre le bien et le mal. Les choix les plus courants auxquels nous sommes confrontés consistent à choisir entre deux options qui sont bonnes, et là aussi, il est souhaitable de nous demander où cela va nous mener. Nous faisons de nombreux choix de ce genre : ce que nous faisons le jour du Sabbat, les émissions de télévision que nous regardons, les offres d’emploi que nous acceptons, ce que nous lisons et, plus généralement, la manière dont nous utilisons notre temps. Tous ces aspects de notre vie s’amélioreront si nous évaluons de manière réfléchie et régulière nos choix à la lumière de cette question : « Où cela mènera-t-il ? »
Parfois, le choix n’est pas entre deux actions différentes mais entre l’action et l’inaction. Devrais-je parler ou rester silencieux ? Devrais-je permettre à cet être cher de suivre une voie que je sais néfaste et d’apprendre par expérience, ou devrais-je intervenir pour le sauver de cette expérience ? Encore une fois, il est utile de nous poser la question : « Où cela mènera-t-il ? »
Je me rappelle d’un événement décrit par un homme que j’ai rencontré lors d’une conférence de pieu dans le Midwest, il y a plus d’une décennie. Cela se passait sur un beau campus dans le centre de l’État de l’Illinois. Mon interlocuteur, qui participait à un atelier d’été, a vu de nombreux jeunes étudiants assis sur la pelouse. Ils formaient un grand demi-cercle à environ six mètres de l’un des grands arbres feuillus qui sont si répandus et si beaux dans cette région. Tout le monde regardait quelque chose au pied de l’arbre. Il s’est écarté de son chemin pour voir ce que c’était.
Il y avait un bel écureuil avec une grande queue touffue qui jouait autour du pied de l’arbre, tantôt courant sur le sol, tantôt montant, redescendant et tournant autour du tronc. Mais pourquoi ce spectacle ordinaire, bien que beau, retenait-il l’attention d’une foule d’étudiants ?
Non loin de là, un setter irlandais était tapis dans l’herbe. C’est le chien qui était au centre de l’attention des étudiants tandis que l’écureuil était au centre de celui du chien, bien qu’il fasse semblant de ne pas s’intéresser à lui. Chaque fois que l’écureuil faisait le tour de l’arbre et disparaissait momentanément de son champ de vision, le setter avançait rapidement en rampant de quelques centimètres puis reprenait sa pose, feignant l’indifférence. Environ toutes les deux minutes, il s’approchait de l’écureuil, et l’écureuil paraissait ne pas le remarquer. C’est cela qui captivait les étudiants. Ils étaient silencieux et immobiles, les yeux rivés sur la scène, dont l’issue probable et dramatique semblait de plus en plus évidente.
Finalement, le setter a été suffisamment près pour bondir sur l’écureuil et l’attraper dans sa gueule. On a entendu un cri d’horreur et les étudiants se sont précipités pour arracher le petit animal de l’emprise du chien, mais c’était trop tard. L’écureuil était mort.
À tout moment, quelqu’un dans la foule d’étudiants aurait pu alerter l’écureuil en agitant les bras ou en criant, mais personne n’a rien fait. Les étudiants ont simplement regardé tandis que la conclusion fatale devenait de plus en plus évidente. Personne ne s’est demandé : « Où cela mènera-t-il ? », et personne n’a voulu intervenir. Quand le résultat prévisible est arrivé, tous se sont précipités pour l’empêcher, mais il était trop tard. Tout ce qui leur restait, c’était leur regret et leurs larmes.
Cette histoire vraie est une sorte de parabole. Elle contient une leçon pour les choses que nous observons dans notre propre vie, dans la vie de ceux qui nous entourent, et dans les événements survenant dans communautés, nos villes, et nos pays. Dans tous ces domaines, nous pouvons voir des menaces s’approcher insidieusement des choses que nous aimons, et nous ne pouvons pas nous permettre d’être indifférents ou silencieux. Nous devons veiller avec vigilance à nous demander : « Où cela mènera-t-il ? » et à lancer des avertissements appropriés ou à nous joindre aux efforts préventifs appropriés tant qu’il en est encore temps. Souvent, nous ne pouvons pas empêcher le résultat, mais nous pouvons nous éloigner de la foule qui, en ne tentant pas d’intervenir, se rend complice du résultat.
Quatre autres sujets me sont venus à l’esprit en réfléchissant à l’application de la question : « Où cela mènera-t-il ? » Ils sont tous davantage liés à des considérations des politiques publiques plutôt qu’à la moralité personnelle. Cependant, du fait que chacun d’entre eux a une grande importance dans l’espace public qui est le nôtre, nos choix privés et notre influence peuvent contribuer au bien public dans tous ces domaines.
Premièrement, je suis préoccupé par l’importance excessive accordée aux droits et par le peu d’attention portée aux responsabilités. Où cela mènera-t-il notre société ? Aucune société n’est suffisamment forte pour soutenir l’accroissement continu des droits des citoyens sans promouvoir un niveau comparable de responsabilité citoyenne et d’obligations. Pourtant, notre système juridique continue de reconnaître de nouveaux droits, alors même que nous ignorons de plus en plus d’anciennes responsabilités. Par exemple, le soi-disant divorce sans égard à la faute, qui donne à chacun des époux le droit de dissoudre un mariage comme bon lui semble, a minimisé l’importance vitale des responsabilités dans le mariage. De même, je crois que c’est une illusion de penser que nous aidons les enfants en définissant leurs droits et en les faisant valoir. Nous faisons davantage pour les enfants en essayant de renforcer les responsabilités des parents, qu’ils soient biologiques ou adoptifs, même lorsque ces responsabilités ne sont pas légalement exécutoires.
Les mêmes principes s’appliquent à la vie publique. Nous ne pouvons pas améliorer le bien-être de notre société en ajoutant à notre inventaire des droits individuels. Les responsabilités civiques comme l’honnêteté, l’autonomie, la participation au processus démocratique et le dévouement au bien commun sont essentielles à la gouvernance et à la préservation de notre pays. En ce moment, nous augmentons les droits et nous affaiblissons les responsabilités, et cela mène notre pays sur la voie de la faillite morale et civique. Si nous voulons améliorer notre bien-être général, nous devons renforcer notre sens de la responsabilité individuelle pour le bien-être des autres et pour le bien de la société dans son ensemble. (Voir Dallin H. Oaks, « Rights and Responsibilities », Mercer Law Review, vol. 36 [1984–1985], no 1 [automne 1984] : p. 427–442)
Deuxièmement, la diminution du nombre de lecteurs de journaux et de livres. La diffusion et le lectorat des quotidiens aux États-Unis diminuent considérablement, alors que notre population augmente. Plus précisément, la diffusion par habitant des journaux aux États-Unis au cours des 30 dernières années est passée de 300 à 190 pour 1 000 habitants. Pour citer un autre chiffre, de 1999 à 2002, la part des personnes de 25 à 34 ans ayant lu un journal au cours de la semaine écoulée (en format papier ou sur Internet) a chuté de près de 10 %, passant de plus de 86 % en 1988 à moins de 77 % en 2002 (Bureau du recensement des États-Unis, Statistical Abstract of the United States : 1989 [109e éd.], tableau no 901 ; et Statistical Abstract of the United States : 2003 [123e éd.], tableau no 1127). La proportion d’adultes qui lisent des livres a également diminué de façon significative au cours des dernières années (voir National Endowment for the Arts, Reading at Risk: A Survey of Literary Reading in America, Research Division Report no 46, juin 2004, Washington, D.C. [www.nea.gov/pub/ReadingAtRisk.pdf] ; et Christina McCarroll, « New on the Endangered Species List: The Bookworm », Christian Science Monitor, 12 juillet 2004, p. 1–3).
Pourquoi ces tendances sont-elles préoccupantes ? De plus en plus de gens ne lisent pas les nouvelles du monde qui les entoure, ou qui traitent des sujets importants de notre époque. Ils se fient apparemment à ce que les autres leur disent ou aux phrases-choc des journaux télévisés, où même les sujets les plus importants sont rarement traités en plus de 60 secondes. Où cela mènera-t-il ? Cela nous mène à une population moins concernée, moins attentive et moins informée, et cela se traduit par un gouvernement moins réactif et moins responsable.
Une troisième préoccupation concerne ce qui est enseigné ou n’est pas enseigné dans les écoles, car cela façonne la pensée et les valeurs de ceux qui seront nos futurs dirigeants. Je parle des écoles publiques, des écoles privées et des écoles religieuses. Je crains que certaines des valeurs qu’on enseigne ou n’enseigne pas aux jeunes qui, dans quelques années, parleront en notre nom depuis les tribunes publiques et les chaires religieuses de notre nation, ne soient très différentes de celles qui ont façonné ce pays et son peuple. J’ai la même crainte à propos de ce qui est enseigné par les émissions de télévision, qui occupent une grande partie du temps de nos jeunes.
Après les récentes élections, j’ai lu qu’un électeur sur cinq, selon les sondages à la sortie des urnes, a déclaré que les questions de moralité étaient le facteur le plus important dans leur choix de vote. Beaucoup d’entre nous votent en fonction de nos préoccupations quant à la position de nos représentants politiques sur les questions de moralité, mais que faisons-nous pour exprimer des préoccupations semblables à l’égard des valeurs de ceux qui forment nos futurs dirigeants ? Ne pas prêter attention à cette préoccupation nous éloignera de la vertu civique, de la responsabilité civique et de la prospérité de tous.
Ma quatrième préoccupation concerne la dégradation de la confiance envers les personnalités publiques et les responsables de nos institutions. Ce phénomène est encore bien présent dans nos esprits suite aux nombreuses et déplorables campagnes électorales, mais il s’agit aussi d’un point caractéristique de nos émissions de télévision d’aujourd’hui. Une grande partie du discours public, de la couverture médiatique et du divertissement semble n’être que du contenu destiné à détruire la confiance envers les personnes et les institutions qui devraient fonctionner comme des guides moraux pour les jeunes comme les adultes de notre société. Bon nombre des messages de certains candidats récents semblent chercher à discréditer la moralité d’un autre candidat plutôt qu’à encourager une discussion sérieuse sur les questions importantes sur lesquelles l’électorat devrait fonder ses choix. De même, dans les émissions à priori destinées au divertissement, nous voyons souvent la figure d’autorité présentée comme sournoise, malhonnête et indigne de confiance.
Si l’on discrédite les figures d’autorité, qu’il s’agisse d’élus, d’enseignants, de ministres ou d’autres, où cela mènera-t-il ? Cela suscitera des doutes quant aux lois, aux règles et aux principes que ces personnes promulguent, et cela conduira au scepticisme ou à la suppression des liens qui nous unissent en tant que société, famille ou organisation privée. Je prie pour que ce ne soit pas le cas, et je prie pour un retour à un discours public moins clivant et plus solidaire et respectueux des figures d’autorité et des valeurs qui ont bâti notre nation.
Où cela mènera-t-il ? J’ai suggéré cela comme une question précieuse sur laquelle nous pouvons juger de nombreuses décisions personnelles et privées. C’est aussi une façon de témoigner. Où mène la foi au Seigneur Jésus-Christ ? Où mène l’Évangile ? Je cite dans les Doctrine et Alliances la parole du Seigneur à son peuple dans cette dispensation :
« Cherche à promouvoir et à établir ma Sion. Garde mes commandements en toutes choses.
Et si tu gardes mes commandements et persévères jusqu’à la fin, tu auras la vie éternelle, don qui est le plus grand de tous les dons de Dieu. [D&A 14:6–7]
Je témoigne de Jésus-Christ qui est notre Sauveur. Je témoigne de la vérité de l’Évangile de Jésus-Christ, qui nous mènera à la vie éternelle. Je témoigne que nous sommes dirigés par un prophète. C’est l’église du Seigneur et son Évangile, en lesquels nous pouvons avoir confiance pour nous mener à la vie éternelle. Et je dis cela au nom de Jésus-Christ. Amen.
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Dallin H. Oaks était membre du Collège des douze apôtres lorsqu'il a prononcé ce discours lors d'une réunion spirituelle à BYU le 9 novembre 2004.