« Avec la force du Seigneur » | BYU Speeches Français
Réunion spirituelle

« Avec la force du Seigneur »

Président de l'Université Brigham Young–Idaho

23 octobre 2001

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Au fur et à mesure que vous et moi comprenons et utilisons le pouvoir habilitant de l’Expiation dans nos vies personnelles, nous prierons pour avoir la force de changer notre situation et nous nous efforcerons de l’obtenir plutôt que de prier pour que notre situation change.

Nous sommes toujours prêts à améliorer nos traductions. Si vous avez des suggestions, écrivez-nous à speeches.fra@byu.edu.

Bonjour, frères et sœurs. Il est pour moi une bénédiction et une responsabilité remarquable de me tenir devant vous aujourd’hui. Je suis reconnaissant de l’invitation de frère Bateman à vous parler.

Quand je suis entré dans le Marriott Center ce matin, mon esprit a été inondé de merveilleux souvenirs. Je suis venu ici à de très nombreuses reprises. J’étais étudiant en première année à BYU en 1970 lorsque les travaux de construction de ce bâtiment ont commencé. Je me souviens très bien d’avoir été assis là-haut le 11 septembre 1973 et d’avoir écouté les enseignements et le témoignage de Harold B. Lee. Je venais de rentrer de mission dans le sud de l’Allemagne, à peine trois semaines auparavant, et le message qu’il avait partagé ce jour-là s’intitulait « Soyez fidèle à la royauté qui est en vous. » J’espère que je n’oublierai jamais ce que j’ai ressenti, entendu et appris ce jour-là. Ses enseignements m’ont influencé positivement au cours des vingt-huit dernières années.

Je me souviens d’avoir été assis là-bas en 1973 lorsque Spencer W. Kimball, en tant que président du Collège des douze apôtres, a prononcé un message puissant et extrêmement direct sur l’importance du mariage éternel (« Marriage Is Honorable », 30 septembre 1973). Je me souviens aussi à quel point nous étions agités, moi et à la jeune femme qui m’accompagnait à ce coin de feu pour notre premier rendez-vous. (Pour ceux d’entre vous qui se poseraient la question, la jeune femme qui m’accompagnait à cette veillée à l’époque n’est pas maintenant Sœur Bednar.) Et je me souviens d’avoir été assis là-bas en 1977 comme étudiant marié marchant et luttant avec un jeune fils. Je me suis assis là-haut en 2000 lorsque ce même fils a obtenu son diplôme de licence à BYU. Je me souviens avec beaucoup d’affection de nombreuses autres occasions dans ce bâtiment où j’ai écouté des dirigeants inspirés et appris de grands enseignants.

Franchement, il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’un jour je pourrais être invité à me tenir à ce pupitre et m’adresser à un groupe comme vous. Il est clair pour moi qu’on ne me demandera probablement plus jamais de le faire. C’est pourquoi j’ai été particulièrement fervent et sérieux dans la préparation de mon discours pour aujourd’hui. En supposant que je ne me tiendrais plus jamais à ce pupitre pour enseigner et témoigner, j’ai réfléchi à ce qui pourrait être le message le plus important que je pourrais partager avec vous. Mon objectif ce matin est de décrire et de discuter à la fois des pouvoirs rédempteur et habilitant de l’expiation de Jésus-Christ. Et j’espère mettre particulièrement l’accent sur le pouvoir habilitant de l’Expiation. J’aspire, j’invite et je prie pour que la compagnie du Saint-Esprit soit avec moi et avec vous alors que nous nous penchons ensemble pendant ces quelques minutes sur ce sujet sacré.

Le voyage de la vie

Le cadre de mon message d’aujourd’hui est une déclaration de David O. McKay. Il a résumé l’objectif primordial de l’Évangile du Sauveur en ces termes : « L’objectif de l’Évangile est […] de rendre bons les hommes mauvais et meilleurs les hommes bons, et de changer la nature humaine » (extrait du film Every Member a Missionary, reconnu par Franklin D. Richards, CR, octobre 1965, p. 136–37 ; voir aussi Brigham Young, JD 8:130 [22 juillet 1860]).

Ainsi, le voyage de la vie consiste à progresser du mauvais au bon puis au meilleur et de faire l’expérience du puissant changement de cœur ­— et de changer notre nature déchue.

Puis-je suggérer que le Livre de Mormon est notre manuel d’instructions alors que nous parcourons le chemin du mauvais au bon et du bon au meilleur et pour voir notre cœur changé. Si vous avez vos écritures avec vous ce matin, s’il vous plaît allons ensemble à Mosiah 3:19. Dans ce verset, le roi Benjamin enseigne à propos du voyage de la condition mortelle et du rôle de l’Expiation dans la navigation réussie de ce voyage : « Car l’homme naturel est ennemi de Dieu, et l’est depuis la chute d’Adam, et le sera pour toujours et à jamais, à moins qu’il ne se rende aux persuasions de l’Esprit-Saint, et ne se dépouille de l’homme naturel, et ne devienne un saint par l’expiation du Christ, le Seigneur » (italiques ajoutés).

Je voudrais m’arrêter ici et attirer notre attention sur deux phrases spécifiques. Tout d’abord, considérez « et ne se dépouille de l’homme naturel ». Laissez-moi vous suggérer que le président McKay parlait fondamentalement de se dépouiller de l’homme naturel lorsqu’il a dit : « L’objectif de l’Évangile est […] de rendre bons les hommes mauvais. » Je ne crois pas que le mot mauvais dans cette déclaration du président McKay signifie seulement méchant, terrible, horrible, ou intrinsèquement mauvais. Je pense plutôt qu’il suggérait que le voyage du mauvais au bon est le processus de se dépouiller de l’homme naturel ou de la femme naturelle en chacun de nous. Dans la condition mortelle, nous sommes tous tentés par la chair. Les éléments mêmes dont notre corps a été tiré sont par nature déchus et assujettis en permanence au péché, à la corruption et à la mort. Nous pouvons augmenter notre capacité à surmonter les désirs de la chair et les tentations, comme décrit dans ce verset, « par l’expiation du Christ ». Quand nous commettons des erreurs, lorsque nous transgressons et péchons, nous sommes capables de surmonter une telle faiblesse par le pouvoir rédempteur et purifiant de l’expiation de Jésus-Christ. Comme nous le chantons fréquemment en nous préparant à prendre les emblèmes de la Sainte-Cène, « Il vint sur terre de plein gré, Et, gage précieux, Son sang, sa vie, il a donnés Pour nous ouvrir les cieux » (« Oh, quel amour », Cantiques de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, 1993, n° 113).

Maintenant, remarquez la ligne suivante dans Mosiah 3:19 : « et ne devienne un saint. » Puis-je suggérer que cette phrase décrit la suite et la deuxième phase du voyage de la vie, comme l’a souligné le président McKay. « L’objectif de l’Évangile est […] de rendre bons les hommes mauvais » — ou, en d’autres termes, se dépouiller de l’homme naturel — « et [rendre] meilleurs les hommes bons » — ou, en d’autres termes, devenir plus comme un saint. Frères et sœurs, je crois que cette deuxième partie du voyage, ce processus de passage du bon au meilleur, est un sujet que nous n’étudions pas ou n’enseignons pas assez souvent, ni ne comprenons suffisamment.

Si je devais insister sur un point fondamental ce matin, ce serait celui-ci : Je pense que vous et moi connaissons beaucoup mieux la nature du pouvoir rédempteur de l’Expiation que celle du pouvoir habilitant de l’Expiation. C’est une chose de savoir que Jésus-Christ est venu sur terre pour mourir pour nous. C’est un élément fondamental et fondateur de la doctrine du Christ. Mais nous devons aussi apprécier le fait que le Seigneur désire, par son expiation et par la puissance du Saint-Esprit, vivre en nous, non seulement pour nous diriger, mais aussi pour nous fortifier. Je pense que la plupart d’entre nous savent que lorsque nous faisons quelque chose de mal, lorsque nous avons besoin d’aide pour surmonter les effets du péché dans notre vie, le Sauveur a payé le prix et nous a permis d’être purifiés grâce à son pouvoir rédempteur. La plupart d’entre nous comprennent clairement que l’Expiation est pour les pécheurs. Cependant, je ne suis pas sûr que nous sachions et comprenions que l’Expiation est aussi pour les saints : pour les hommes et les femmes vertueux qui sont obéissants, dignes et consciencieux et qui s’efforcent de devenir meilleurs et de servir plus fidèlement. Je pense franchement que beaucoup d’entre nous ne comprennent pas cet aspect habilitant et fortifiant de l’Expiation, et je me demande si nous ne croyons pas à tort que nous devons passer du bon au meilleur et devenir un saint par nous-mêmes, à force de courage, de volonté et de discipline, et avec nos capacités de toute évidence limitées.

Frères et sœurs, l’Évangile du Sauveur ne consiste pas seulement à éviter le mal dans nos vies ; il consiste aussi essentiellement à faire le bien et à devenir bons. L’Expiation nous aide à surmonter et à éviter le mal, et à faire le bien et à devenir bons. L’aide du Sauveur est disponible tout au long du voyage de la condition mortelle, pour nous mener du mauvais au bon puis au meilleur, et changer notre nature-même.

Je ne cherche pas à suggérer que les pouvoirs rédempteur et habilitant de l’Expiation sont séparés et distincts. Au contraire, ces deux dimensions de l’Expiation sont liées et complémentaires ; elles doivent toutes les deux opérer à chaque étape du voyage de la vie. Et il est d’une importance éternelle pour chacun de nous de reconnaître que ces deux éléments essentiels du voyage de la vie – se dépouiller de l’homme naturel et devenir un saint, surmonter le mal et devenir bon – sont accomplis par le pouvoir de l’Expiation. La volonté individuelle, la détermination et la motivation personnelles, ainsi que des plans et des objectifs définis de manière efficace, sont nécessaires, mais en fin de compte insuffisants pour triompher pleinement au terme de ce voyage de la condition mortelle. Nous devons véritablement nous appuyer sur « les mérites, et la miséricorde, et la grâce du saint Messie » (2 Néphi 2:8).

La grâce et le pouvoir habilitant de l’Expiation

Je veux maintenant décrire plus en détail le pouvoir habilitant de l’Expiation. Frères et sœurs, remarquez s’il vous plaît l’utilisation du mot grâce dans le verset de 2 Néphi auquel nous venons de faire référence. Le Bible Dictionary (Dictionnaire de la Bible) nous apprend que le mot grâce est souvent employé dans les Écritures dans le sens de pouvoir habilitant. À la page 697, sous le mot grâce, nous lisons :

« Un mot qui apparaît fréquemment dans le Nouveau Testament, en particulier dans les écrits de Paul. L’idée principale du mot est celle de moyen divin d’aide ou de force, donné par la miséricorde et l’amour abondants de Jésus-Christ (italiques ajoutés).

« C’est par la grâce du Seigneur Jésus, rendue possible par son sacrifice expiatoire, que tout le genre humain ressuscitera pour devenir immortel, chacun retrouvant son corps dans un état de vie éternelle. »

Veuillez noter les phrases suivantes :

« De même, c’est par la grâce du Seigneur que les individus, par la foi en l’expiation de Jésus-Christ et le repentir de leurs péchés, reçoivent la force et l’aide nécessaires pour faire de bonnes œuvres, qu’ils ne pourraient pas soutenir par leurs propres moyensCette grâce est un pouvoir habilitant qui permet aux hommes et aux femmes d’accéder à la vie éternelle et à l’exaltation après avoir déployé tous leurs efforts » (italiques ajoutés).

C’est-à-dire que la grâce représente l’assistance divine ou l’aide céleste dont chacun d’entre nous aura désespérément besoin pour se qualifier pour le royaume céleste. Ainsi, le pouvoir habilitant de l’Expiation nous donne la force de faire le bien, d’être bon et de servir au-delà de notre désir personnel et de nos capacités naturelles.

Dans mon étude personnelle des Écritures, j’insère souvent l’expression pouvoir habilitant chaque fois que je rencontre le mot grâce. Considérez, par exemple, ce verset que nous connaissons tous : « Car nous savons que c’est par la grâce que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire » (2 Néphi 25:23).

Revoyons encore une fois ce verset : « Car nous savons que c’est par la grâce [le pouvoir habilitant et fortifiant de l’expiation du Christ] que nous sommes sauvés, après tout ce que nous pouvons faire. »

Je crois que nous pouvons beaucoup en apprendre sur cet aspect vital de l’Expiation si nous insérons le pouvoir habilitant et fortifiant chaque fois que nous rencontrons le mot grâce dans les Écritures.

Illustrations et implications

Le voyage d’une vie, tel que décrit par le président McKay, consiste à passer du mauvais au bon puis au meilleur et à changer notre nature même. Le Livre de Mormon est rempli d’exemples de disciples et de prophètes qui connaissaient, comprenaient et étaient transformés par le pouvoir habilitant de l’Expiation lors de ce voyage. Permettez-moi de suggérer, frères et sœurs, qu’en parvenant à mieux comprendre ce pouvoir sacré, notre perspective de l’Évangile s’élargira et s’enrichira grandement. Une telle perspective nous changera de façon remarquable.

Néphi est un exemple de quelqu’un qui connaissait, comprenait et s’appuyait sur le pouvoir habilitant du Sauveur. Dans 1 Néphi 7, nous nous rappelons que les fils de Léhi étaient retournés à Jérusalem pour inviter Ismaël et sa famille à se joindre à leur cause. Laman et d’autres membres du groupe qui retournait avec Néphi de Jérusalem au désert, se sont rebellés ; Néphi a alors exhorté ses frères à avoir foi au Seigneur. C’est à ce moment de leur voyage que les frères de Néphi l’ont lié avec des cordes et ont projeté de le faire périr. Maintenant, veuillez noter la prière de Néphi dans le verset dix-sept : « Ô Seigneur, selon la foi que j’ai en toi, veuille me délivrer des mains de mes frères, oui, donne-moi donc de la force afin que je rompe ces liens dont je suis lié » (italiques ajoutés).

Frères et sœurs, savez-vous ce que j’aurais probablement prié si j’avais été ligoté par mes frères ? Ma prière aurait comporté une demande que quelque chose de mal arrive à mes frères et se serait terminée par : « veuille me délivrer des mains de mes frères » ou, en d’autres termes, « S’il te plaît, sors-moi de ce pétrin, tout de suite ! » Je trouve particulièrement intéressant que Néphi n’ait pas prié, comme je l’aurais probablement fait, pour que sa situation change. Non, il a prié pour avoir la force de changer sa situation. Et je crois qu’il a prié de cette façon précisément parce qu’il connaissait, comprenait et avait ressenti le pouvoir habilitant de l’expiation du Sauveur.

Personnellement, je ne crois pas que les cordes avec lesquelles Néphi était attaché soient tombées comme par magie de ses mains et de ses poignets. Je pense plutôt qu’il a été doté de persévérance et d’une force personnelle dépassant ses capacités naturelles, de sorte qu’il a ensuite, « avec la force du Seigneur » (Mosiah 9:17), travaillé, tordu les cordes, tiré sur elles et, en fin de compte, a littéralement reçu le pouvoir de rompre les liens.

Frères et sœurs, l’implication de cet épisode pour chacun d’entre nous est très simple. Au fur et à mesure que vous et moi comprenons et utilisons le pouvoir habilitant de l’Expiation dans nos vies personnelles, nous prierons pour avoir la force de changer notre situation et nous nous efforcerons de l’obtenir plutôt que de prier pour que notre situation change. plutôt que de prier pour que nos circonstances soient changées. Nous deviendrons des agents qui « se meuvent » plutôt que des objets « qui sont mu[s] » (voir 2 Néphi 2:14).

Considérons l’exemple dans Mosiah 24 alors qu’Alma et son peuple sont persécutés par Amulon. Comme il est rapporté au verset quatorze, la voix du Seigneur s’est adressée à ces braves gens dans leurs afflictions et leur a dit : « Et j’allégerai aussi les fardeaux qui sont mis sur vos épaules, de sorte que vous ne pourrez plus les sentir sur votre dos. »

Si j’avais été un membre du peuple d’Alma et que j’avais reçu cette assurance particulière, ma réponse aurait probablement été : « Je te remercie et je te prie de te dépêcher ! » Mais remarquez dans le verset quinze le processus que le Seigneur a utilisé pour alléger le fardeau : « Et alors, il arriva que les fardeaux qui étaient imposés à Alma et à ses frères furent rendus légers ; oui, le Seigneur les fortifia, de sorte qu’ils purent supporter leurs fardeaux avec facilité, et ils se soumirent de bon cœur et avec patience à toute la volonté du Seigneur » (italiques ajoutés).

Frères et sœurs, qu’est-ce qui a changé dans cet épisode » Ce n’est pas le fardeau qui a changé ; les défis et les difficultés de la persécution n’ont pas été immédiatement enlevés au peuple. Mais Alma et ses disciples ont été fortifiés, et leur capacité et leur force accrues ont rendu les fardeaux qu’ils portaient plus légers. Ces justes ont été habilités par l’Expiation à agir en tant qu’agents et à influencer leurs circonstances, « avec la force du Seigneur ». Ensuite, Alma et son peuple ont été dirigés vers la sécurité dans le pays de Zarahemla.

Maintenant, certains d’entre vous se demandent peut-être : « frère Bednar, qu’est-ce qui vous fait penser que l’épisode avec Alma et son peuple est un exemple du pouvoir habilitant de l’Expiation ? » Je crois que la réponse à votre question se trouve dans une comparaison de Mosiah 3:19 et Mosiah 24:15. Reprenons la lecture dans Mosiah 3:19 où nous nous étions arrêtés précédemment : « et ne se dépouille de l’homme naturel, et ne devienne un saint par l’expiation du Christ, le Seigneur, et ne devienne semblable à un enfant, soumis, doux, humble, patient, plein d’amour, disposé à se soumettre à tout ce que le Seigneur juge bon de lui infliger, tout comme un enfant se soumet à son père » (italiques ajoutés).

Au fur et à mesure que nous progressons dans le voyage de la mortalité, passant du mauvais au bon puis au meilleur, nous dépouillons de l’homme ou la femme naturels en chacun de nous et nous efforçons de devenir des saints en changeant notre nature même, les attributs détaillés dans ce verset devraient de plus en plus décrire le type de personne que vous et moi devenons. Nous deviendrons plus semblables à un enfant, plus soumis, plus patients et plus disposés à nous soumettre à la volonté du Seigneur. Maintenant, comparez ces caractéristiques dans Mosiah 3:19 avec celles utilisées pour décrire Alma et son peuple dans la dernière partie du verset quinze dans Mosiah 24 : « et ils se soumirent de bon cœur et avec patience à toute la volonté du Seigneur » (italiques ajoutés).

Je trouve que le parallèle entre les vertus mentionnées dans ces versets est frappant et montre que le peuple bon d’Alma devenait un peuple meilleur par le pouvoir habilitant de l’expiation du Christ, le Seigneur.

Nous connaissons tous l’histoire d’Alma et d’Amulek contenue dans Alma 14. Dans cet épisode, de nombreux saints fidèles avaient été mis à mort par le feu, et ces deux serviteurs du Seigneur avaient été emprisonnés et battus. Veuillez considérer cette supplication contenue dans le verset vingt-six, offerte par Alma alors qu’il priait en prison : « Ô Seigneur, donne-nous de la force, selon notre foi qui est dans le Christ pour la délivrance » (italiques ajoutés).

Ici encore nous voyons dans sa demande le reflet de la compréhension et de la confiance d’Alma dans le pouvoir habilitant de l’Expiation. Notez maintenant le résultat de cette prière, comme décrit dans la dernière partie du verset vingt-six et dans le verset vingt-huit :

« Et ils [Alma et Amulek] rompirent les cordes dont ils étaient liés ; et lorsque le peuple vit cela, il commença à fuir, car la crainte de la destruction s’était abattue sur lui. […]

« Et Alma et Amulek sortirent de la prison, et ils n’étaient pas blessés, car le Seigneur leur avait accordé du pouvoir, selon leur foi qui était dans le Christ » (italiques ajoutés).

Une fois de plus, le pouvoir habilitant est évident alors que les bonnes personnes luttent contre le mal et s’efforcent à devenir encore meilleures et de servir plus efficacement « avec la force du Seigneur » (Mosiah 9:17).

Permettez-moi de vous présenter un dernier exemple tiré du Livre de Mormon. Dans Alma 31, Alma prend la tête d’une mission pour ramener les Zoramites apostats. Vous vous souviendrez que, dans ce chapitre, on nous parle du Raméumptom et de la prière fixe et orgueilleuse des Zoramites. S’il vous plaît, notez la demande de force dans la prière personnelle d’Alma, comme cela est décrit au verset 31 : « Ô Seigneur, veuille m’accorder d’avoir de la force afin que je souffre avec patience ces afflictions qui vont tomber sur moi à cause de l’iniquité de ce peuple » (italiques ajoutés).

Dans le verset 33 Alma prie également pour que ses collègues missionnaires reçoivent une bénédiction similaire : « Veuille leur accorder d’avoir de la force, afin qu’ils supportent les afflictions qui tomberont sur eux à cause des iniquités de ce peuple » (italiques ajoutés).

Encore une fois, nous observons qu’Alma n’a pas prié pour que ses afflictions soient enlevées. Il savait qu’il était un agent du Seigneur et il a prié pour avoir la force d’agir et d’influencer sa situation.

Le point clé de cet exemple est contenu dans le verset final, Alma 31:38 : « Oui, il leur donna aussi de la force, afin qu’ils ne souffrent aucune sorte d’affliction sans qu’elle ne soit engloutie dans la joie du Christ. Or, cela se fit selon la prière d’Alma ; et cela, parce qu’il avait prié avec foi » (italiques ajoutés).

Non, les afflictions n’ont pas été enlevées. Mais Alma et ses collègues ont été fortifiés et bénis par le pouvoir habilitant de l’Expiation de « ne souffr[ir] aucune sorte d’affliction sans qu’elle ne soit engloutie dans la joie du Christ ». Quelle bénédiction merveilleuse. Et quelle leçon chacun de nous devrait apprendre.

Des exemples du pouvoir habilitant ne se trouvent pas seulement dans les Écritures. Daniel W. Jones est né en 1830 au Missouri, et il a rejoint l’Église en Californie en 1851. En 1856, il a participé au sauvetage des convois de charrettes à bras bloquées au Wyoming par de violentes tempêtes. Après que l’équipe de secours eut trouvé les Saints souffrants, leur eut apporté tout le réconfort qu’elle pouvait et eut organisé le transport des malades et des plus faibles vers Salt Lake City, Daniel et quelques autres jeunes hommes se portèrent volontaires pour rester sur place et veiller sur les biens du convoi. La nourriture et les provisions laissées à Daniel et à ses collègues étaient pour le moins maigres et ont été rapidement épuisées. Je vais maintenant citer le journal personnel de Daniel Jones et sa description des événements qui ont suivi :

« Le gibier devint si rare qu’on ne pouvait plus rien abattre. Nous mangeâmes toute la viande maigre. La manger nous donnait encore plus faim. Finalement, tout fut consommé, il ne restait désormais que les peaux. Nous essayâmes de les manger. Nous en fîmes cuire et en mangeâmes beaucoup, sans le moindre assaisonnement, et tout le convoi en fut malade. Beaucoup étaient tellement dégoûtés par cette nourriture que cela les rendait malades rien que d’y penser. […]

La situation était critique car il ne restait rien hormis les pauvres peaux brutes provenant du bétail mort de faim. Nous demandâmes au Seigneur ce que nous devions faire. Les frères ne murmurèrent pas, mais sentaient qu’ils devaient faire confiance à Dieu. Nous fîmes cuire la peau, après l’avoir trempée et gratté les poils jusqu’à ce qu’elle devînt molle, puis nous la mangeâmes, colle de peau et tout. Cela la rendit plutôt encline à rester avec nous plus longtemps que nous ne l’aurions souhaité. Finalement, je reçus l’inspiration nécessaire pour m’occuper de la situation et donner des conseils aux membres du convoi, leur disant comment les cuire : en brûlant les poils et en les enlevant par grattage, afin d’atténuer un peu le mauvais goût que la cuisson leur donnait. Après le grattage, il fallait les faire bouillir une heure dans beaucoup d’eau, puis jeter l’eau qui avait extrait toute la colle. Nous devions ensuite laver et gratter minutieusement la peau, la rincer dans de l’eau froide et la faire bouillir de nouveau pour en faire une gelée que nous laissions refroidir et que nous mangions avec un peu de sucre saupoudré dessus. Cela représentait un travail considérable, mais nous n’avions rien d’autre à faire, et c’était mieux que de mourir de faim » (Daniel W. Jones, Forty Years Among the Indians [Salt Lake City : Juvenile Instructor, 15 janv. 1890, p. 81).

Tout ce que j’ai lu jusqu’à présent était une préparation pour la prochaine phrase du journal de Daniel W. Jones. Il illustre comment ces saints pionniers savaient probablement quelque chose sur le pouvoir habilitant de l’Expiation que nous, dans notre prospérité et notre aisance, ne sommes pas aussi rapides à comprendre : « Nous demandâmes au Seigneur de bénir notre estomac pour qu’il s’adaptât à cette nourriture » (Jones, Forty Years, p. 81 ; italiques ajoutés). Mes chers frères et sœurs, je sais pour quoi j’aurais prié dans ces circonstances. J’aurais prié pour autre chose à manger. « Père céleste, s’il te plaît, envoie-moi une caille ou un buffle. » Il ne m’aurait jamais été venu à l’esprit de prier pour que mon estomac soit renforcé et adapté à ce que nous avions déjà. Que savait Daniel W. Jones » Il connaissait le pouvoir habilitant de l’expiation de Jésus-Christ. Il n’a pas prié pour que sa situation change. Il a prié pour qu’il soit renforcé pour faire face à sa situation. Tout comme Néphi, Amulek et Alma et son peuple ont été renforcés, Daniel W. Jones avait la perspicacité spirituelle de savoir quoi demander dans cette prière. « Nous n’eûmes pas la foi de lui demander de bénir la peau brute, car c’était ‘dur’. En mangeant, tous semblèrent savourer le festin. Nous restâmes trois jours sans manger avant que cette seconde tentative ne fût réalisée. Nous profitâmes de ce festin somptueux pendant environ six semaines » (Jones, Forty Years, p. 81–82).

Le pouvoir habilitant de l’expiation du Christ nous donne la force de faire des choses que nous ne pourrions jamais faire par nous-mêmes. Je me demande parfois si, dans notre monde de facilité — notre monde de fours à micro-ondes, de téléphones portables, de voitures climatisées et de maisons confortables — je me demande si nous apprenons à reconnaître notre dépendance quotidienne à l’égard du pouvoir habilitant de l’Expiation.

Les plus grandes leçons que j’ai apprises au sujet du pouvoir habilitant sont venues de l’exemple tranquille de ma femme dans notre propre maison. Je l’ai regardée persévérer à travers des nausées matinales intenses et continues et des vomissements pendant chacune de ses trois grossesses. Elle était littéralement malade toute la journée chaque jour pendant huit mois à chaque grossesse. Ce défi ne lui a jamais été retiré. Mais ensemble, nous avons prié pour qu’elle soit renforcée, et elle a en effet été bénie par le pouvoir habilitant de l’Expiation de faire physiquement ce qu’elle ne pouvait pas faire en son propre pouvoir. Soeur Bednar est une femme remarquablement capable et compétente, et au fil des ans j’ai vu comment elle a été magnifiée pour gérer les moqueries et le mépris qui viennent d’une société laïque quand une sainte des derniers jours écoute les conseils prophétiques et fait de la famille et du foyer et de l’éducation des enfants ses plus hautes priorités. Dans le monde d’aujourd’hui, une femme et mère juste en Sion aura besoin à la fois du soutien de la prêtrise et du pouvoir habilitant de l’Expiation. Je remercie et rends hommage à Susan de m’avoir aidé à tirer des leçons aussi précieuses.

Au chapitre sept d’Alma, nous apprenons comment et pourquoi le Sauveur est capable de nous donner ce pouvoir habilitant, en commençant par le verset onze : « Et il ira, subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce ; et cela, afin que s’accomplisse la parole qui dit qu’il prendra sur lui les souffrances et les maladies de son peuple » (italiques ajoutés).

Le Sauveur n’a pas souffert uniquement pour nos iniquités mais également pour l’inégalité, l’injustice, la souffrance, l’angoisse et la détresse émotionnelle qui nous assaillent si souvent. D’autres détails supplémentaires sont décrits au verset douze :

« Et il prendra sur lui la mort, afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et il prendra sur lui ses infirmités, afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde, selon la chair, afin qu’il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités » (italiques ajoutés).

Il n’y a pas de douleur physique, d’angoisse de l’âme, de souffrance d’esprit, d’infirmité ou de faiblesse que vous et moi connaissions au cours de notre voyage dans la mortalité dont le Sauveur n’ait pas fait l’expérience avant nous. Dans un moment de faiblesse, vous et moi pouvons nous écrier : « Personne ne comprend. Personne ne sait. » Peut-être qu’aucun être humain ne sait. Mais le Fils de Dieu sait et comprend parfaitement, car il a ressenti et porté nos fardeaux bien avant nous. Et parce qu’il a payé le prix suprême et a porté nos fardeaux, son empathie est parfaite et il peut nous tendre son bras miséricordieux à de très nombreux moments de notre vie. Il peut tendre la main, nous toucher, nous secourir, littéralement courir à nous et nous fortifier pour que nous soyons plus que ce que nous pourrions jamais être, et nous aider à accomplir ce que nous ne pourrions jamais faire en nous reposant uniquement sur notre propre force.

Peut-être que nous pouvons maintenant mieux comprendre et apprécier la leçon de Matthieu 11:28-30 :

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.

Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes.

Car mon joug est doux et mon fardeau léger.

J’exprime ma reconnaissance pour le sacrifice infini et éternel du Seigneur Jésus-Christ. L’Expiation n’est pas seulement pour les gens qui ont fait de mauvaises choses et qui essaient d’être bons. C’est pour les bonnes personnes qui essaient de devenir meilleures et de servir fidèlement et qui aspirent à un changement continu et puissant de cœur. En effet, « avec la force du Seigneur » (Mosiah 9:17) nous pouvons faire et vaincre toutes choses.

Frères et sœurs, je sais que le Sauveur vit. J’ai fait l’expérience de son pouvoir rédempteur et de son pouvoir habilitant, et je témoigne que ces pouvoirs sont réels et disponibles pour chacun d’entre nous. Je sais qu’il dirige les affaires de cette Église. Je sais que les apôtres et les prophètes agissent avec autorité au nom du Seigneur Jésus-Christ. Je sais cela et j’en rends témoignage au nom de Jésus-Christ. Amen.

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David A. Bednar

David A. Bednar était le président de l'Université BYU-Idaho lorsque ce discours a été prononcé à l'Université Brigham Young le 23 octobre 2001.