Six leçons spirituelles tirées du monde naturel
Doyenne associée du Collège des sciences de la vie de BYU et professeure de sciences de la faune et de la flore
4 avril 2023
Doyenne associée du Collège des sciences de la vie de BYU et professeure de sciences de la faune et de la flore
4 avril 2023
Nous sommes toujours prêts à améliorer nos traductions. Si vous avez des suggestions, écrivez-nous à speeches.fra@byu.edu.
C’est avec humilité que j’accepte l’invitation de vous adresser la parole. Je prie pour que vous ressentiez l’Esprit pendant que je partagerai avec vous mon message et mon témoignage. Nous avons tous été nourris spirituellement le week-end dernier pendant la conférence générale. J’espère que vous avez encore de la place dans votre cœur pour mon message d’aujourd’hui.
Comme il a été dit lors de ma présentation, cela fait presque vingt-sept ans que je suis membre du corps enseignant de l’université Brigham Young. J’ai obtenu une licence et une maîtrise à BYU. Cette photo montre mon conseiller de maîtrise, le regretté Kimball Harper, avant que je ne passe mon doctorat à l’université de l’Utah. [Une photo a été montrée.] BYU m’a engagé directement après que j’ai achevé mon programme de doctorat et depuis, je fais partie du corps enseignant. Si l’on y réfléchit bien, c’est sur le campus de BYU que j’ai passé le plus grand nombre d’années de ma vie.
Dans le cadre de mes recherches académiques, j’étudie l’écologie et la conservation des espèces végétales rares et/ou menacées. Au cours de mes presque trois décennies en tant que professeur, j’ai eu l’occasion d’étudier une grande variété d’espèces végétales dans des endroits divers et magnifiques du monde entier.
Les personnes qui me connaissent savent que j’aime profondément toutes les créations de notre Père céleste. J’ai acquis mon amour de la nature quand j’étais jeune. J’ai passé les étés de mon enfance à camper dans les montagnes Bighorn, au Wyoming (États-Unis), avec ma famille immédiate et mes grands-parents. Ma mère et ma grand-mère adorent les fleurs sauvages. Lors de nos promenades en voiture dans la montagne, nous arrêtions régulièrement les véhicules pour que ma mère et ma grand-mère puissent essayer d’identifier les nouvelles fleurs sauvages qu’elles voyaient. C’est grâce à elles que j’ai appris à apprécier la beauté et la diversité des créations de notre Père céleste. Encore aujourd’hui, au grand dam de mes enfants, je dois arrêter le véhicule pour identifier toutes les nouvelles plantes que je vois.
Il y a huit ans, j’ai épousé mon compagnon éternel, Steve Flinders, biologiste de la faune au Service des forêts des États-Unis. Nous avons six enfants et quatre petits-enfants. Tous nos enfants et petits-enfants aiment le plein air et aiment passer du temps dans la nature. Mon amour et ma reconnaissance de la nature n’ont cessé de croître au cours de ma vie. Je trouve que je me sens souvent plus proche de notre Père céleste et du Sauveur quand je suis dans la nature.
Mes recherches m’amènent sur le terrain avec mes étudiants pour étudier l’écologie des plantes rares. Parfois, alors que je travaille péniblement et que je prends des mesures sur les plantes, j’oublie de lever les yeux. Je me concentre sur la tâche qui m’attend et j’oublie d’avoir une vue d’ensemble.
Rafael E. Pino a prononcé ces paroles importantes :
La perspective est notre façon de voir les choses lorsque nous les regardons depuis une certaine distance, et elle nous permet d’apprécier leur vraie valeur.
C’est comme être dans une forêt et avoir un arbre devant nous. À moins de reculer un peu, nous ne parviendrons pas à comprendre ce qu’est vraiment une forêt1.
Quand je m’arrête pour lever les yeux, je prends du recul et je me rends compte que je ne suis qu’une infime partie de la Création miraculeuse. En levant les yeux, je suis émerveillée par ce monde magnifique que, comme le dit le chant de la Primaire, « le Seigneur a créé pour moi2 ».
Dimanche prochain, c’est Pâques. À l’occasion de Pâques, nous chantons souvent l’un de mes cantiques préférés : « Vous, créations de notre Dieu. » Le quatrième couplet de ce cantique dit :
O terre qui, jour après jour,
Nous offres la vie et l’amour, […]
Par les forêts, les fruits, les fleurs,
Tu chantes gloire au Créateur3.
L’un des buts de la Création divine est de témoigner de lui, de « chante[r] gloire au Créateur ». Dans le Psaume 19, nous lisons : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, Et la voûte céleste manifeste l’œuvre de ses mains4. » Dans Alma, nous lisons :
Les Écritures sont placées devant toi, oui, et tout montre qu’il y a un Dieu ; oui, la terre et tout ce qui se trouve sur sa surface, oui, et son mouvement, oui, et aussi toutes les planètes qui se meuvent dans leur ordre régulier témoignent qu’il y a un Créateur suprême5.
Susan L. Warner l’a expliqué ainsi :
Parce qu’il veut que nous le connaissions et que nous ressentions son amour, notre Père céleste a organisé un monde rempli de créations magnifiques qui rendent témoignage de lui et de son Fils, Jésus-Christ. Avez-vous déjà compté toutes les choses qui rendent témoignage du Sauveur ? Il y a les couchers de soleil et les coquillages, le lilas et les lacs, les insectes et les animaux, les matins miraculeux et les cieux parsemés d’étoiles6.
Le président Russell M. Nelson a enseigné avec clarté :
La Création, en soi, atteste qu’il y a un créateur. Nous ne pouvons pas ignorer le caractère divin de la Création. Si nous ne sommes pas conscients et reconnaissants de l’intervention de Dieu dans la Création, nous sommes aussi inconscients de celui qui pourvoit à nos besoins qu’un poisson rouge dans son bocal. Nous reprenons, avec une profonde gratitude, ces paroles du psalmiste : « Que tes œuvres sont en grand nombre, ô Éternel ! Tu les as toutes faites avec sagesse. La terre est remplie de tes biens7. »
Il y a environ neuf ou dix ans, j’ai vécu un événement traumatisant dans ma vie. À peu près à la même époque, j’ai aussi divorcé. Pendant cette période, j’ai été assaillie par le stress et l’anxiété. Mon corps physique s’est également rebellé contre le traumatisme. J’avais du mal à manger et à dormir, j’étais tourmentée par des cauchemars et j’ai développé un zona récurrent, causé par une séquelle du virus de la varicelle que j’avais eu dans mon enfance. Mon système immunitaire était affaibli et j’ai attrapé toutes les maladies qui circulaient.
Où pouvais-je me tourner pour trouver la paix au milieu de cette tempête de souffrance et d’agitation dans ma vie ? Pendant cette période, j’ai trouvé la paix et un refuge contre la tempête dans deux endroits sacrés : dans la nature et dans le saint temple du Seigneur. Ainsi, cherchant désespérément cette paix, j’ai passé beaucoup de temps dans ces deux endroits.
L’un des films préférés de mon enfance est La Mélodie du bonheur (1965). Dans ce film, la vedette, Maria, reçoit des paroles de sagesse de la Mère Abbesse au couvent, qui a répété les paroles prophétiques du Psaume 121 : « Je lève les yeux vers les montagnes… D’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Éternel, Qui a fait les cieux et la terre. »
Aujourd’hui, j’aimerais vous faire part de certaines leçons que j’ai tirées des créations de notre Père céleste et qui m’ont aidée à surmonter la tempête provoquée par cet événement traumatisant. En levant les yeux vers les montagnes, j’ai acquis une perspective plus éternelle du monde naturel.
Comme l’a dit frère Pino :
La perspective éternelle de l’Évangile nous amène à comprendre la place que nous occupons dans le plan de Dieu, à accepter les difficultés et à progresser grâce à elles, à prendre des décisions et à centrer notre vie sur notre potentiel divin9.
J’ai appris à accepter cette difficulté dans ma vie et à progresser grâce à elle. J’ai pu mieux centrer ma vie sur mon potentiel divin. J’attribue mes progrès pendant cette période à six leçons importantes que j’ai apprises du monde naturel que j’étudie et que j’aime tant.
La première leçon de la nature est de se rapprocher de la lumière. Les plantes présentent un phototropisme. Photo signifie « lumière » et tropisme signifie « tour » ou « croissance vers ». Avez-vous déjà remarqué une plante qui poussait vers une fenêtre de votre maison ? Avez-vous déjà vu une plante pousser autour d’un rocher pour acquérir plus de lumière ? Les plantes poussent vers la lumière. La lumière est essentielle à la photosynthèse, qui produit des glucides à partir du dioxyde de carbone. Ces glucides sont nécessaires à la croissance des plantes, mais sont également à la base des chaînes ou réseaux alimentaires de toutes les autres formes de vie sur terre. Sans le carbone fixé à partir de l’énergie lumineuse, il n’y aurait pas d’énergie pour d’autres formes de vie dans l’écosystème.
Tout comme la lumière est essentielle à la vie dans la nature, la lumière du Christ est nécessaire à notre survie spirituelle. Des exemples tirés du monde végétal m’ont montré comment « pousser vers » ou se rapprocher activement de la Lumière du monde.
Nous lisons dans les Doctrine et Alliances : « Je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde10. »
Sœur Warner a dit : « Où que nous vivions dans ce monde, nous voyons le lever du soleil splendide qui rend témoignage de la lumière du Christ qui remplit notre cœur et illumine notre esprit11. »
Le fait de me rapprocher du Sauveur et de me concentrer sur lui a fait toute la différence pendant cette période difficile. Je me suis concentrée sur sa lumière. Je me suis rapprochée de lui. Comment ai-je fait ? J’ai fait le choix de rester concentrée sur le Sauveur chaque jour. J’ai consciemment choisi de lever les yeux, de m’éloigner de la tristesse et des ténèbres de ma vie et de me baigner dans la chaleur de la lumière du Sauveur.
Le président Henry B. Eyring a enseigné ceci : « Au moment où vous marcherez dans la lumière, vous ressentirez un peu de la chaleur et du bonheur que vous éprouverez finalement quand vous serez accueilli[s] chez vous12. »
En choisissant de me rapprocher du Sauveur et de sa lumière, j’ai ressenti sa chaleur et son amour. J’ai appris à utiliser l’Expiation plus pleinement dans ma vie et j’ai senti que le Sauveur portait mes fardeaux et mes peines. J’ai acquis une perspective plus large de l’éternité et j’attends maintenant avec espoir le moment où, comme l’a dit le président Eyring, je pourrais être accueillie chez moi.
L’eau est également essentielle à la photosynthèse. Les plantes utilisent l’énergie lumineuse pour diviser une molécule d’eau, fournissant ainsi l’énergie moléculaire nécessaire pour fixer le dioxyde de carbone en glucides que la plante peut ensuite utiliser pour sa croissance et sa survie. L’eau étant essentielle, de nombreuses espèces végétales se sont parfaitement adaptées pour absorber l’eau et éviter les pertes d’eau, en particulier dans les systèmes désertiques. L’une de ces adaptations consiste à s’enraciner profondément. Cela permet à la plante de puiser de l’eau vitale dans des réservoirs profonds dans le sol. Cette eau ne s’évapore pas facilement, contrairement à l’eau qui se trouve à la surface du sol. Les racines profondes servent également d’ancrage à la plante contre les tempêtes et les vents violents.
Pendant cette période difficile de ma vie, j’ai fait une promenade à cheval dans les montagnes et j’ai vu un arbre déraciné par une tempête. Les racines de l’arbre n’étaient ni assez profondes ni assez fermes pour résister à des vents violents.
Outre la lumière, l’eau vive est un autre symbole du Sauveur. En regardant cet arbre déraciné, je me suis demandé : « Suis-je profondément enracinée et ancrée dans l’eau vive ? »
Dans l’histoire de Jésus et de la femme au puits, nous lisons :
Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ;
mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui comme une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle13.
Les plantes ont de nombreuses stratégies pour absorber et conserver l’eau. Quels efforts faisons-nous pour obtenir de l’eau vive ? Quelles stratégies pouvons-nous utiliser pour rester profondément enracinés dans l’eau vive ?
L’une d’elles est de respecter les commandements.
Dans les Doctrine et Alliances, nous lisons : « Mais à celui qui garde mes commandements, je donnerai les mystères de mon royaume, et ils seront en lui une source d’eau vive, jaillissant jusque dans la vie éternelle14. »
Joseph B. Wirthlin a dit : « En vivant l’Evangile de Jésus-Christ, nous développons en nous-même une source vivante qui étanchera éternellement notre soif de bonheur, de paix et de vie éternelle15. »
Une autre façon de rester profondément enraciné est de contracter et de respecter des alliances sacrées. J’ai fait le choix de respecter mes alliances sacrées et de les renouveler chaque semaine en prenant la Sainte-Cène.
Le président Nelson a dit :
[Nos] alliance[s] nous rapprocher[ont] de plus en plus de lui. […]
[…] Dieu n’abandonnera pas sa relation avec les personnes qui ont tissé un tel lien avec lui16.
Et Neil L. Andersen a déclaré : « Les alliances que nous contractons et respectons permettent à l’amour du Sauveur de pénétrer plus profondément dans notre cœur. »
L’assistance au temple a été une autre chose qui m’a aidé à rester profondément enracinée. J’ai délibérément choisi d’aller au temple au moins une fois par semaine. J’y allais souvent pendant ma pause déjeuner. Parfois, je m’asseyais dans la salle céleste et je regardais l’image du Sauveur. Non seulement j’y ai trouvé la paix, mais cela m’a aussi aidé à rester profondément enracinée dans son eau vive.
Je me suis trouvée agrippée à la barre de fer18 pour sauver ma vie, buvant librement de l’eau vive. Je suis reconnaissante d’avoir acquis tout au long de ma vie un témoignage profondément enraciné du Sauveur, l’eau vive, car il m’a soutenu pendant cette période difficile.
Il y a quelques années, j’ai publié un article avec mon mari et l’un de ses collègues du Service des forêts des États-Unis sur une nouvelle population de pins Bristlecone du Grand Bassin, Pinus longaeva, que nous avions découverte dans un endroit unique dans les montagnes Tushar du sud de l’Utah19.
Le pin Bristlecone appartient à une catégorie d’espèces que l’on appelle « tolérantes au stress », c’est-à-dire des plantes qui vivent avec des facteurs de stress environnementaux extrêmes20. Les pins Bristlecone font preuve d’une remarquable tolérance au stress. Ils poussent à la limite des arbres et juste en dessous dans quelques-unes des régions montagneuses de la Californie, du Nevada, de l’Utah et du Colorado. Ces arbres prospèrent dans l’adversité en vivant dans les conditions les plus difficiles à haute altitude, là où peu d’autres espèces survivent. Les pins Bristlecone sont souvent appelés « extrêmophiles » par les scientifiques21. Ils survivent à des températures extrêmement froides, à des sols extrêmement secs, à des vents violents et à des saisons de croissance courtes. Ces pins ont également une durée de vie exceptionnellement longue. Ils sont « presque préhistoriques22 ». De nombreux arbres de notre population nouvellement découverte avaient entre 1 000 et 1 500 ans. Le Nevada a des populations avec des arbres de plus de 3 000 ans. Les deux plus anciens pins Bristlecone connus se trouvent en Californie et ont respectivement environ 4 850 et 5 060 ans23.
Réfléchissez-y un instant : ces arbres étaient là avant que le Sauveur ne vienne sur la terre, et ils sont toujours vivants aujourd’hui. Et ces arbres ont combattu les éléments extrêmes pendant tout ce temps, pendant des millénaires.
Comme l’a dit Dieter F. Uchtdorf :
L’une des choses que nous apprend l’étude de la croissance des arbres c’est que, pendant les saisons où les conditions sont idéales, les arbres poussent à un rythme normal. Par contre, pendant les saisons où les conditions de croissance ne sont pas idéales, ils ralentissent leur croissance et consacrent leur énergie aux éléments essentiels à la survie24.
Comment les pins Bristlecone survivent-ils à des conditions environnementales aussi extrêmes ? Ils le font en grandissant lentement et en consacrant leur énergie aux éléments de base nécessaires à leur survie. Remarquez à quel point les anneaux sont serrés sur cette coupe transversale d’un tronc de pin Bristlecone : la plupart mesurent moins d’un millimètre de large. [Une photo a été montrée.] Les arbres poussent si peu chaque année qu’il est difficile de voir les anneaux de croissance sans un microscope. Le tronc que l’on voit sur la photo provient d’un arbre qui a vécu jusqu’à environ 2 000 ans. Les pins Bristlecone font ce dont ils ont besoin pour survivre et très peu d’autres choses.
J’ai appris d’importantes leçons de ces pins sur la façon de surmonter mon stress.
L. Tom Perry a suggéré : « Dans notre recherche d’aide face aux tensions de la vie, puissions-nous chercher sincèrement des manières de simplifier notre vie25. »
Frère Perry a également enseigné :
Nous ne pouvons pas prévoir toutes les difficultés et toutes les tempêtes de la vie, même celles qui sont imminentes, mais, étant des personnes de foi et d’espérance, nous savons sans l’ombre d’un doute que l’Évangile de Jésus-Christ est vrai, et que « le meilleur est encore à venir26 ».
Frère Uchtdorf a fait remarquer : « Nous réapprenons constamment l’importance de quatre relations clés : avec notre Dieu, avec notre famille, avec nos semblables et avec nous-mêmes27. » Il a ensuite donné ce conseil :
Si la vie, son rythme effréné et ses nombreuses tensions font qu’il vous est difficile de vous sentir l’envie de vous réjouir, alors c’est peut-être un bon moment pour vous reconcentrer sur ce qui a le plus d’importance. […]
Simplifions-nous un peu la vie. Faisons les changements nécessaires pour nous reconcentrer sur la beauté sublime du chemin simple et humble des disciples du Christ, le chemin qui mène toujours vers une vie pleine de sens, de joie et de paix28.
Pendant cette période de stress, j’ai appris grâce aux pins Bristlecone que je devais simplifier ma vie et me concentrer sur l’essentiel. Je me suis d’abord concentrée sur ma relation avec Dieu et mes relations avec mes enfants. Je me suis concentrée sur ce qui était le plus important : l’étude personnelle des Écritures, la prière personnelle, la prière en famille et la soirée familiale, et j’ai laissé de côté les choses moins importantes. Je n’ai fait que les choses essentielles. Je constatais que je n’avais pas d’énergie à consacrer à autre chose. Je me suis contentée de survivre. C’était difficile pour moi car je suis quelqu’un qui essaie de tout faire pour tout le monde. Cependant, en me concentrant sur ce qui était le plus important et en simplifiant ma vie, j’ai pu me rapprocher encore plus de mon Sauveur, ce qui m’a apporté une autre source d’aide pendant cette période de stress. J’ai réussi à tolérer le stress.
Les écologistes savent que les écosystèmes sont incroyablement complexes. Plus j’étudie les communautés végétales, plus je me rends compte que nous ne les comprenons pas pleinement. J’ai appris qu’il n’existe aucun moyen de vraiment comprendre toutes les relations complexes entre les espèces et entre les espèces et l’environnement. Parfois, j’émets des hypothèses sur les plantes et leurs communautés écologiques et je découvre plus tard, grâce à la collecte de données et à l’étude, que mes hypothèses sont complètement erronées.
Pendant la période où je faisais face à mon traumatisme, je me suis posé beaucoup de questions. Pourquoi ai-je dû subir ce traumatisme ? Pourquoi la vie devait-elle être si difficile ? Je n’avais pas les réponses.
Frère Andersen a fait quelques suggestions sur ce sujet. Voici ce qu’il a dit :
Nous restons constants et patients dans notre progression pendant toute la condition mortelle. Parfois, le Seigneur répondra : « Tu ne sais pas tout, mais tu en sais assez », assez pour respecter les commandements et pour faire le bien29.
Ne pas tout savoir sur une espèce végétale particulière, son écologie ou son rôle dans l’écosystème n’est pas un problème pour mon programme de recherche. En passant du temps dans le monde naturel, je me suis rendu compte qu’il devait également être normal de ne pas avoir toutes les réponses aux questions de ma vie personnelle.
Je me suis beaucoup appuyée sur mes Écritures préférées :
Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, Et ne t’appuie pas sur ta sagesse ;
Reconnais-le dans toutes tes voies, Et il aplanira tes sentiers30.
On trouve d’autres conseils dans les Doctrine et Alliances :
Cherchez diligemment, priez toujours et croyez, et tout concourra à votre bien, si vous marchez en droiture et vous souvenez de l’alliance que vous avez faite les uns envers les autres31.
La prise de conscience que je n’avais pas besoin de tout savoir m’a aidée à trouver la paix. Je pouvais croire que tout concourrait à mon bien si je marchais en droiture et respectais mes alliances.
Dans le monde végétal, les graines ont souvent besoin d’être scarifiées avant de pouvoir germer et devenir une belle plante. En termes simples, la scarification est une dégradation de l’enveloppe dure de la graine, qui permet à l’eau d’y pénétrer. La scarification peut se faire par les voies digestives des animaux, le vent, les cycles de gel et de dégel, les rebonds mécaniques sur les rochers, etc. Peut-être que j’avais besoin de passer par ce traumatisme pour devenir un peu scarifiée pour que l’eau vive puisse entrer.
Quoi qu’il en soit, j’en savais assez, et cette connaissance m’a soutenue.
Comme frère Uchtdorf l’a dit : « Quelquefois des questions surgissent simplement parce que nous n’avons pas encore tous les renseignements et qu’il nous faut juste un peu plus de patience32. »
J’ai été bénie car j’ai appris à prier patiemment pour obtenir des réponses, tant dans mes recherches écologiques que dans ma vie personnelle.
En écologie, il existe une théorie connue sous le nom d’hypothèse diversité-stabilité. Fondamentalement, cette théorie stipule que des communautés plus diversifiées, en nombre d’espèces différentes, maintiennent des fonctions écosystémiques plus stables pendant les périodes de stress environnemental, comme la sécheresse. D’un point de vue conceptuel, cela suggère que certaines espèces pourraient être mieux adaptées que d’autres espèces pour résister à des types spécifiques de perturbations, et que la communauté ou l’écosystème conserve donc sa fonction malgré le stress33.
Lors de son discours de réunion spirituelle de l’automne dernier, Peter M. Johnson a dit : « Le Seigneur aime la diversité34. » J’ai appris l’importance d’une collectivité diversifiée dans le cadre de l’Évangile. Pendant la période difficile que j’ai traversée, j’ai été surprise par la diversité de l’aide que j’ai reçue. Cette aide est venue d’une grande variété de personnes et d’endroits : une ancienne colocataire d’université vivant en Californie m’a apporté son soutien ; un ancien camarade de groupe de musique country qui vivait dans le Dakota du Sud a pris l’avion pour être avec moi ; une voisine à la retraite s’est proposée pour m’aider avec mes enfants quand j’en avais besoin ; d’anciens étudiants diplômés ont appelé pendant cette période et m’ont apporté leur collaboration et leur aide dans mes recherches ; mon évêque est venu chez moi à l’improviste et m’a donné une bénédiction ; et il y a eu beaucoup, beaucoup d’autres sources d’aide. Ces personnes étaient issues de milieux socio-économiques, de niveaux d’éducation et de milieux culturels divers. Même leurs relations avec moi concernaient divers aspects de ma vie. Cependant, chacune d’entre elles a apporté son point de vue unique.
Frère Uchtdorf a déclaré : « Frères et sœurs, chers amis, nous avons besoin de vos talents et de votre point de vue uniques. La diversité des personnes et des gens dans le monde entier est une force pour l’Église35 ».
Chi Hong (Sam) Wong a dit :
Pour aider le Sauveur, nous devons travailler ensemble dans l’unité et l’harmonie. Tout le monde, chaque poste et chaque appel est important. Nous devons être unis en notre Seigneur Jésus-Christ.
Je suis reconnaissante d’avoir édifié une collectivité diversifiée autour de moi. Les personnes de ma collectivité possédaient une diversité de talents, de capacités et d’approches. Chacune a trouvé sa propre façon de m’aider. Certaines ont pu mieux m’atteindre à différents moments que d’autres. Cependant, tout comme une communauté écologique diversifiée, ma collectivité m’est venue en aide et m’a fourni une stabilité et un refuge au milieu de ma tempête. Ils ont travaillé dans l’unité et l’harmonie pour me secourir.
Tandis que je passais du temps dans la nature pendant cette période difficile, je me suis demandé : « Est-ce que je lève les yeux avec les autres créations pour louer Dieu ? »
Quand ma fille Sabrina avait quatre ans, elle avait de terribles douleurs de croissance dans les jambes. J’ai moi aussi souffert de douleurs de croissance lorsque j’étais jeune fille. Il était très tard un soir, bien après l’heure du coucher de Sabrina. J’étais épuisée parce qu’elle n’arrêtait pas de pleurer. Quand le médicament contre la douleur n’a pas agi, je lui ai dit que nous devions prier et demander à notre Père céleste de nous aider à soulager sa douleur. Nous nous sommes agenouillées ensemble et j’ai fait une prière simple pour que sa douleur s’apaise et qu’elle puisse dormir. J’ai mis Sabrina dans le lit à côté de moi et je lui ai frotté les jambes jusqu’à ce que nous nous endormions toutes les deux.
Le matin, j’ai été réveillée par les cris de joie de Sabrina. Elle a dit : « Maman, je n’ai plus mal aux jambes ! »
Mais ce qu’elle a fait ensuite a fait fondre mon cœur. Elle a immédiatement levé les yeux vers les cieux et a dit : « Merci, Père ! »
Dans les Doctrine et Alliances, nous lisons : « Et celui qui reçoit tout avec gratitude sera rendu glorieux, et les choses de cette terre lui seront ajoutées, et ce, au centuple, oui, davantage37. »
Nous souvenons-nous de le remercier ? Levons-nous les yeux et disons-nous : « Merci, Père » ? Pour moi, il est parfois difficile de me souvenir de le faire dans les moments d’adversité, et cela a été particulièrement difficile lors de cet événement traumatisant.
Néphi est un exemple remarquable de quelqu’un qui loue le Seigneur pendant ses épreuves et ses afflictions. Il a dit : « Néanmoins, je me tournais vers mon Dieu, et je le louais toute la journée ; et je ne murmurais pas contre le Seigneur à cause de mes afflictions38. »
Un jour, le président David O. McKay a déclaré : « Nous trouvons dans la froideur amère de l’adversité la véritable mise à l’épreuve de notre reconnaissance. […] La vraie gratitude […] va au cœur de la vie, triste ou joyeuse39. »
L’événement traumatisant que j’ai vécu a été un véritable test de ma reconnaissance.
Moisés Villanueva l’a expliqué ainsi :
Mes chers frères et sœurs, comment réagissons-nous face à nos afflictions ? Murmurons-nous devant le Seigneur à cause d’elles ? Ou, comme Néphi […], sommes-nous reconnaissants en paroles, en pensées et en actes parce que nous nous concentrons davantage sur nos bénédictions que sur nos problèmes40 ?
Tout comme les créations du Seigneur et Néphi l’ont fait, j’ai essayé de le louer à longueur de journée. J’ai fait le choix conscient de rechercher activement des raisons d’être reconnaissante chaque jour. Pour moi, il s’agissait peut-être simplement d’un beau coucher de soleil, d’un beau temps pour mon trajet, d’enfants qui ont mangé leur dîner sans se plaindre, d’un cours qui s’est bien déroulé ce jour-là ou du fait qu’aucun de mes enfants n’a oublié ses devoirs.
Bonnie D. Parkin a enseigné ce principe :
Le Seigneur a dit : « Tu remercieras le Seigneur, ton Dieu, en toutes choses. » « Toutes choses » signifie les bonnes choses, les choses difficiles, pas seulement certaines choses. Il nous a commandé d’être reconnaissants parce qu’il sait que la reconnaissance nous rendra heureux. C’est une autre preuve de son amour41.
Thomas S. Monson a aussi enseigné : « Lorsque nous remercions sincèrement, non seulement cela nous aide à prendre conscience de nos bénédictions mais cela ouvre aussi les portes des cieux et nous aide à ressentir l’amour de Dieu42. »
Et j’ai ressenti l’amour de Dieu. Mais pouvais-je trouver le bonheur, comme sœur Parkin l’a suggéré ? Parce que je me souvenais de lever les yeux et de dire « Merci, Père », chaque jour, j’ai peu à peu retrouvé le bonheur et j’ai acquis la perspective éternelle dont j’avais si désespérément besoin.
Je suis très reconnaissante pour ces six belles leçons que j’ai apprises de la nature et qui m’ont aidé à surmonter une tempête tumultueuse dans ma vie et d’autres épreuves depuis lors. Il y a beaucoup d’autres leçons que le monde naturel m’a apprises que je n’ai pas le temps de partager, mais je suis heureuse d’avoir pu lever les yeux et trouver des réponses et des leçons dans les créations de notre Père céleste. Cela a rendu mon amour pour ses créations encore plus fort. Je ressens un désir pressant d’aider à protéger et à conserver le monde naturel.
Le président Nelson a fait la remarque suivante : « Qu’allons-nous faire nous qui sommes bénéficiaires de la Création divine ? Nous devons prendre soin de la terre, en être des intendants avisés et la préserver pour les générations à venir43. »
Lors de la conférence générale d’octobre dernier, Gérald Caussé, évêque président, a dit :
Cependant, le don divin de la création ne vient pas sans devoirs ni responsabilités. Ces responsabilités sont mieux définies par le concept d’intendance. Selon l’Évangile, le terme intendance désigne le devoir sacré, spirituel ou temporel, de prendre soin de quelque chose qui appartient à Dieu et pour lequel nous serons tenus responsables44.
Il nous est commandé de prendre soin des créations du Seigneur et d’en être des intendants avisés. Parce que j’ai tellement bénéficié de la Création divine, je veux vraiment en être une bonne intendante. Chaque semestre, je donne une leçon à mes étudiants sur l’importance de ce principe. Par conséquent, mes étudiants me demandent souvent comment ils peuvent être de bons intendants de ses créations. Que peuvent-ils faire ?
Une citation de Brigham Young apporte, je crois, la réponse à cette question :
Que je puisse aimer le monde comme il l’aime, pour le rendre beau et glorifier le nom de mon Père céleste. Peu importe que ce soit moi ou quelqu’un d’autre qui le possède, si nous travaillons seulement à l’embellir et à le rendre glorieux, tout va bien45.
Je prie pour que nous aimions le monde comme notre Père céleste l’aime. En apprenant ces six leçons importantes, j’ai appris à aimer encore plus ses créations. Je sais que si nous aimons vraiment le monde naturel, nous en serons de bons intendants. Je prie pour que nous prenions le temps, dans nos vies occupées et trépidantes, de lever les yeux et d’acquérir la perspective dont nous avons besoin. Je sais que le Sauveur vit et que si nous nous rapprochons de sa lumière, restons profondément enracinés dans son eau vive, nous appuyons sur les principes de base de l’Évangile dans les moments de stress, nous souvenons que nous n’avons pas toutes les réponses, trouvons refuge dans une collectivité de Saints diversifiée et nous souvenons de toujours le remercier, nous serons capables de surmonter n’importe quelle tempête de notre vie et d’acquérir une perspective éternelle. En cette période de Pâques, je veux que vous sachiez que j’aime mon Sauveur, « le Maître-guérisseur46 », et que je suis très reconnaissante de la bénédiction de son expiation. Et, comme le dit le chant de la Primaire : « Je suis très heureu[se] de ce monde si beau que le Seigneur a créé pour moi47. » Je vous rends ce témoignage, au nom de Jésus-Christ. Amen.
Notes
Loreen Allphin, doyenne associée du Collège des sciences de la vie de BYU et professeure de sciences de la faune et de la flore, a prononcé ce discours le 4 avril 2023.